La belle cordière, les cordiers

Jadis, les cordiers étaient  méprisés   car, lorsqu’ils  filaient  une corde, il ne savaient  pas si, finalement, ce ne serait  pas celle d’un pendu.  Au  Théâtre  prononcer le  mot “corde” est censé  porter malheur et celui qui le fait  doit  payer  la tournée  à l’équipe.  A l’origine cela  vient du fait  que le  maniement des cordes des décors  était délicat aussi avait il été confié à d’anciens  marins  or, tous les marins sont superstitieux et, sur  un bateau,  la seule corde qui  justifie ce mot est celle de la cloche.  Finalement les cordiers avaient du mal à se  marier même  s’ils étaient riches et beaux garçons. Leur  métier prêtait également  à la  moquerie car, quand  on file  une corde , on marche  à reculons. Ce qui est synonyme de faire de  mauvaises affaires.Le  patron des cordiers est Saint  Paul: ce n’est pas  mal mais c’est  un romain et  juif converti!!

Hypocras ou Ypocras

Lors de   mes recherches sur  le patrimoine religieux  je viens de tomber sur  un texte amusant: Dans une  pièce du moyen  âge intitulée “La farce des marauds enchaînés”  deux fiers  à bras se vantent  à tour de rôle de leurs exploits “guerriers”.  L’un d’entre eux se vante d’avoir frappé à coups de bâton  une  poule qui le dérangeait. Il s’en est ensuivi une bataille rangée avec le propriétaire de la  poule et  les habitants de la ferme. Ces gens  pensaient  ne faire qu’une  bouchée de  lui  mais le fanfaron déclare ( je mets  le texte en français actuel  car, sinon c’est  un peu difficile)

Tout de  suite et sans préchi-précha

Je leur tombe dessus  à bras raccourcis

mais , je renie Saint Ypocras

Si j’avais suivi mon désir

J’aurais fait  le  plus beau carnage

Qu’on ait fait dans le  pays

Ah, s’ils ne s’étaient pas enfuis

Je les aurais, par ma foi, tous massacrés. 

 Je ne savais pas que  notre boisson avait eu  un procès en béatification!!!

Luc DAMEY

1559: Marguerite de France au château de Roussillon

Tiré du livre de Dufier.

Marguerite de France, sœur de  feu le roi de France Henri II  avait épousé le  9 juillet  1559 Emmanuel Philibert de Savoie, or, en allant  rejoindre  son mari en résidence à Nice, elle s’arrêta  à partir du  19 décembre  1559 au château de Roussillon. Elle emmenait  avec elle ses filles d’honneur, ses officiers et le chancelier  Michel de  l’Hospital. Voici ce qu’écrivait ce dernier au sujet de ce séjour:“Roussillon nous offrit une magnifique  hospitalité qui fut très agréable  à la princesse. le cardinal François de Tournon, propriétaire du château, était  à Rome  où il participait au conclave qui devait élire le successeur du pape  Paul IV. 

Paul IV:28 juin 1476-18 août 1559 a succédé à Marcellus II et suivi par Pius IV

Ce fut son neveu, Just de Tournon, comte de Roussillon qui nous accueillit, nous présenta les vins délicieux de la région,et nous fit asseoir à une table chargée de mets délicats. Partout ruisselle une somptueuse et splendide vaisselle  d’or et d’argent, partout de riches tapis, oeuvres de Sidon et de Phrygie.”

Catherine de Médicis et Diane de Poitiers, un couple étrange…

 Pour  une femme d’aujourd’hui la situation de Catherine  de  Médicis et  de Diane de Poitiers est  difficile  à comprendre. Catherine arrive d’Italie  pour épouser,  à moins de quinze ans un garçon du même  âge, affublé d’une  maîtresse âgée de  20 ans  de plus. Catherine était  rondouillarde, pas  franchement  jolie alors que Diane était mince comme une  liane et  reconnue comme  la plus belle femme de France.  Cette  situation serait totalement insupportable de nos jours et  pourtant  elle fut admise.  A vrai dire c’était  l’usage, pour le roi, d’avoir  une   maîtresse en titre et   d’accorder ses faveurs  à toutes  celles qu’il sollicitait. La reine était  là pour donner des héritiers à la couronne, pour être «aimée » mais pas «chérie».              

Pour être  objectif, il faut bien reconnaître que, si la situation faite aux femmes était  intolérable, celle  des  hommes  n’était pas beaucoup plus enviable car  ils ne connaissaient pas leur épouse avant  le  mariage or, ces unions étant  avant  tout  politiques et  financières, la promise  n’était  pas  toujours d’une beauté légendaire;ainsi l’épouse de François premier était   « boiteuse et  louchonne » .                                                                                                              

Cette situation était pourtant   si naturelle, à l’époque,  que la maîtresse  était  chargée de  l’éducation  des enfants royaux, et ce  n’est  pas le seul cas de  l’histoire. La reine  ne  pouvait qu’accepter  la situation car, comme disait  une de mes arrière grand-tantes «  il faut bien que la chèvre broute là où elle est attachée»

                                                                                        

En dépit des usages, la  jalousie  traverse  l’histoire  et ce couple  étrange  n’y échappa pas. Dés  la  mort de son mari, Catherine  récupéra  un certain nombre  de biens de la maîtresse et  l’exila  dans son château d’ Anet, où, en dépit des sollicitations,  elle  n’eut  plus aucun amant. Il faut dire que, si elle avait conservé  toute sa beauté, elle dépassait   les soixante ans  tout de même.  Un beau  jour, Diane  finit  par  décéder à l’âge de  66 ans, ce qui était  plus qu’honorable  pour  l’époque et  à cette  occasion  on prête  à Catherine de  Médicis  une  phrase  acide. « Elle  a quand  même fini par vieillir ».  Il est difficile de  jurer que cette  phrase est bien authentique  mais  elle traduit  bien  cette situation  étrange qui  mélange la  jalousie  et l’envie, le mépris et le respect.

François 1er et le mari cocu

François  premier  fait  partie de ces rois qui ont « beaucoup couru ». Entre  les  maîtresses   officielles et  les aventures sans  lendemain, on perd le  compte. De toute  façon, quand  le roi demandait  on s’exécutait ; pourtant, un jour, il fut vaincu par  un mari jaloux.  Ayant  un jour  aperçu une femme  superbe, le roi lui donna rendez vous  pour le soir  même, chez elle et  elle  n’osa pas refuser. Pourtant elle en fit  part à son mari qui attendit  l’arrivée du roi. Lorsque le roi arriva  dans  la rue, le  marchand  se  mit  à la fenêtre  en criant « Vive  le roi, vive le roi ».  En riant de la situation le roi préféra se retirer.

Les cheveux et la barbe de François 1er

En 1521 François premier avait  27 ans et il fut  invité, à Paris,  par  son ami le comte de Saint -Pol  dans son château, le  jour de  l’épiphanie  pour tirer  les rois. Le  hasard voulut que  le comte de Saint-Pol eût la fève et  portât donc la couronne de roi de  l’épiphanie.  François premier, par  jeu,  fit mine de vouloir  récupérer  la couronne, l’affaire dégénéra en combat de boules de  neiges  généralisé dans  la cour du château puis les amis du comte se réfugièrent  dans  le château et, dans l’enthousiasme, le comte ou un de ses amis, prit une bûche enflammée dans  la cheminée et la jeta par  la fenêtre. Elle tomba… sur la tête  du roi. Le résultat fût catastrophique: le roi perdit connaissance, ses cheveux brûlèrent et sa  joue fut brûlée.   Il se trouve qu’à cette époque  le roi était connu pour  ses  cheveux longs  jusqu’aux épaules et frisés par son barbier. En revanche  il était rasé.  Les médecins  l’emmenèrent et  n’eurent  d’autre  solution que de  lui raser les cheveux et de soigner sa  joue qui garda  une vilaine cicatrice.  Les courtisans impressionnés  firent comme  le roi et  se firent  raser  les cheveux; pendant très longtemps la mode  fut aux cheveux courts.  Par ailleurs , pour cacher  sa cicatrice, le roi se fit pousser  une grande et  grosse  barbe  et  tous les  hommes de la cour portèrent  la barbe  pendant  un siècle. Les  dames de  la cour que, pour la circonstance,  on pourrait traiter de courtisanes ne voulurent pas être de reste. Comme  les  hommes se faisaient raser  la tête elles se firent raser  aussi, mais… plus bas.

Pourquoi offre t’on du muguet le 1er mai

En 1560, le roi Charles IX, en visite avec sa mère Catherine de Médicis dans la Drôme, se vit offrir par le chevalier Louis de Girard de Maisonforte un brin de muguet, cueilli dans son jardin à Saint-Paul-Trois-Châteaux. Dès le 1er mai 1561, le roi se met alors à distribuer des brins de muguet aux dames de la cour en leur disant: «Qu’il en soit fait ainsi chaque année». La coutume était née.

En ce 1er mai 2019 notre association a perpétué cette coutume en offrant gracieusement des brins de muguet aux dames sur le marché de Roussillon

Que s’est-il passé un 4 mai à la renaissance

C’est  le 4 mai 1555 que  furent  publiées les fameuses prédictions de Nostradamus.   Le  4 mai 1591 François de Coligny, grand militaire et  grand chef des Huguenots meurt  à l’âge de  34 ans. Il était  le fils  du fameux  Gaspard de Coligny dont  la  mort  est un des faits marquants de   la Saint Barthélémy. Le  4 mai  1600  on constate  le décès de Jean Nicot: c’est  lui qui, en  1560 avait envoyé  à Catherine de Médicis du tabac, afin de soigner  les  migraines de son fils  François II. Cela  n’empêchera pas le  décès de ce jeune  roi au bout d’un an de  règne, laissant ainsi la place  à Charles IX,  toutefois, en signe de reconnaissance,  cela vaudra à Jean Nicot d’être anobli.
Pour complément d’information, dans le calendrier  révolutionnaire , le  4 mai sera  le  jour du ver à soie, ce qui  en faisait  un grand  jour  dans  notre région. 

Catherine et Diane:faut-il les opposer?

Catherine de  Médicis et Diane de  Poitiers n’avaient  pas que Henri II en commun, en effet, elles  étaient cousines au troisième degré. Catherine était  à moitié française puisque sa mère était  une  « La Tour  d’ Auvergne »  or  il se trouve que, dans  la famille  La tour D’Auvergne, les grand pères de Catherine et de Diane étaient frères.

Catherine et Diane ont également  partagé des châteaux.  En 1550, Catherine achète  le château de Chaumont  qui  possède  un domaine  viticole très rentable. Un peu  plus tard Diane reçoit  le château de Chenonceaux de la part  de son amant royal qui fait scandale en  organisant des  fêtes aux couleurs de sa  maîtresse. A la  mort d’ Henri II, par vengeance, Catherine récupère Chenonceaux  mais, comme  c’était  un cadeau inaltérable  elle doit  l’échanger contre celui de Chaumont. Diane  se retirera alors dans son somptueux château d’ Anet mais profitera  des revenus de Chaumont

Catherine donnera  à Chenonceaux des  réceptions  somptueuses  dont trois  au moins  ont défrayé la  chronique : la première fois  ce fut pour  le sacre de François  II, la deuxième  fois pour la majorité officielle de Charles IX et  la troisième  fois  pour Henri III avec le fameux « bal des seins nus » où les  60 plus belles femmes de France déambulent  habillées de voiles totalement  transparents.  

Diane  s’était également fait offrir  un “ relais de chasse”  aux « Clayes sous bois » dans  les  Yvelines. Elle  y créa  en  1556 le « Jardin de Diane »  et elle  y planta l’ « arbre de Diane » : un magnifique  platane qui mesure  aujourd’hui  31 m de  haut, 43 m d’envergure. Son tronc fait  8 m de diamètre  et plusieurs de ses branches basses, en touchant  le sol ont  pris racines par  marcottage  ce  qui  donne  un résultant stupéfiant

En France  il existe un autre platane  aussi vieux qui se trouve  à Lamanon, à coté de Salon de Provence et il a été  planté quelques années plus tard  par Catherine de  Médicis  lors de la visite  à son astrologue Nostradamus en 1564. Cet arbre est  un peu plus petit que celui de Diane  mais… par déférence  envers la reine, la tradition dit que c’est le  plus vieux platane de France.

Les carabins: Louis XIII ou Henri III

LES CARABINS

En français  du moyen âge le  mot  « carabin » désignait  un scarabée qui creuse la terre et par  assimilation les fossoyeurs qui ensevelissent  les cadavres. Comme  les cadavres  étaient souvent  ensevelis par  les étudiants en  médecine, lors des épidémies de  peste, par exemple, le surnom leur est resté. Pourtant, au fil  de  l’histoire  ce surnom a connu une autre application surprenante                                                                                                              

En 1622, Louis  XIII créa une compagnie de 100 cavaliers dotés de  mousquets, c’est  pourquoi on les appela des « mousquetaires ». Ils étaient  sous  les ordres du capitaine de Troisville qu’Alexandre Dumas   transforma en  Tréville dans son célèbre  roman.                

 En réalité  Louis XIII n’était pas l’inventeur du  projet puisqu’il n’avait  fait que  modifier  l’armement d’une  compagnie créée une trentaine d’années  auparavant. En effet, Henri III avait déjà créé, pour  l’escorter, une compagnie de cavalerie  légère munie de  carabines  à canons courts, ce qui leur  permettait de tirer  tout en chevauchant. En raison de leur équipement on les appelait des « carabins » !

Hiver 1564 et printemps 2020

L’hiver 1564 fut exceptionnellement froid. Il fut  par ailleurs suivi de  plusieurs années glaciales à tel  point que cette  décennie est  la plus froide  observée  au cours de  notre  période moderne. Charles IX fut  même  bloqué  trois semaines  à Montpellier par  un mètre de neige. Comme un malheur n’arrive  jamais seul, l’année  1565 fut  très  pluvieuse et les  productions agricoles  misérables, la peste de  1564 se  poursuivit  durant  toute l’année  1565 et  la crise  humanitaire fut d’une rare  ampleur .  A cette  époque  les dépenses en blé représentaient  la moitié des dépenses  quotidiennes de la classe populaire. Selon les  lieux, le prix du blé fut multiplié par trois, parfois quatre ou même six.  Les prix, bien que  fluctuants,  restèrent élevés  toute la décennie. La famine s’installa partout.  Dans ces cas là on mange ce qu’on trouve. Dans  toute notre  région l’ergot de  seigle et son Mal des Ardents, https://fr.wikipedia.org/wiki/Ergotisme , provoquèrent des ravages.  Les registres paroissiaux, quand ils existent, nous permettent  de mesurer l’ampleur de la crise : le nombre  de décès  annuels fut  multiplié au moins par  deux et parfois  par cinq dans certaines zones. On constata  un grand  nombre de ruptures familiales, une diminution considérable du nombre des mariages et des naissances et enfin  une augmentation impressionnante  du nombre d’enfants  abandonnés et  des  phénomènes de vagabondage et de mendicité.  En 1566, une loi donna l’ordre  à la maréchaussée  de  ramasser les vagabonds  pour  les envoyer aux  galères ou aux travaux forcés pour  élever des  fortifications. Bien entendu, après cette décennie  les choses ne furent  pas roses pour autant : en  1580 il y eut une épidémie  de coqueluche  mortifère suivie par  une  nouvelle épidémie de  peste l’année suivante. .  Dix ans  plus tard la famine  s’installa dans le  pays  pour trois ans de  plus…   Notre situation aujourd’hui est  très compliquée, beaucoup de phénomènes observés  à l’époque  se reproduisent mais, si on fait quelques statistiques, on constate que la mortalité  aura  sans doute augmenté cette année de moins de 3% : nous sommes obligés de constater  que, dans notre  malheur, par  rapport  à nos aïeux, nous avons de la chance.

Abbaye  royale de Chaalis(Oise)

Dans cette  abbaye  on trouve  un joli jardin renaissance  orné  d’une  pergola, d’un pavillon, d’une volière… le tout  est entouré d’un mur  crénelé avec  une  porte  qui porte en son sommet  les armes du premier  abbé qui reçut  le bénéfice de cette abbaye. L’ensemble de ce  mur  a été dessiné par…  Sebastiano Serlio

Le mur crénelé et la porte dessinés par Sébastiano Serlio

Diane de Poitiers, grandeur et décadence

On sait que Diane de Poitiers est  née  à Saint Vallier, même  si nous  ne disposons pas de son acte de baptême. On sait qu’elle fit doubler  la taille de l’église du lieu pour  y rajouter un  mausolée gothique grandiose pour sa famille et donc  pour elle. Ce sont  des choses auxquelles  il faut  penser  à l’avance !                                                                       

Pourtant, à la suite de sa disgrâce, elle fut enterrée  au château d’Anet

Château d’Anet en Eure-et-Loir

que lui avait  offert Henri II. Elle  y avait d’ailleurs  fait construire une  chapelle grandiose à cet effet. Il faut parfois revoir ses projets d’avenir !! Dans cette chapelle il y avait un cénotaphe (un monument vide) avec son effigie, et son tombeau qui était  un caveau  à part, dans le genre crypte et  où, selon  l’usage son corps était enveloppé dans un cercueil en  plomb.

A la révolution, son tombeau  fut  profané par  les révolutionnaires. Leur  première  idée fut de récupérer le  plomb pour en faire des balles (quelle déchéance). Ils trouvèrent alors son corps parfaitement conservé  avec la  peau blanche puis, au contact de l’air la peau noircit rapidement. On décida  alors de la retirer de son tombeau et de la mettre, avec le  peuple, dans  une fosse commune. A coté d’elle  on trouva  les corps de deux petites  filles de  2 et  6 ans. Les  historiens ont établi qu’il s’agissait de deux de ses  petites filles  mortes en bas âge. On enveloppa les corps pour  les transporter mais un des fossoyeurs, par mégarde attrapa Diane par  les cheveux qui lui restèrent dans  la main. Ces cheveux  ont été conservés  et  les corps  ont été retrouvés. Les spécialistes de la génétique ont   même  pu certifier l’authenticité de ces « reliques ».

Un amateur d’art  intelligent  avait  sauvé  son cénotaphe de la destruction, en tant  qu’œuvre d’art, quand  à son tombeau de  pierre il servit pendant des siècles d’abreuvoir  pour les chevaux dans une ferme de la région.                                                                                              

Même  les pierres peuvent connaitre  grandeur et décadence.

Au commencement était la lumière…mais pas le paradis

Dans la Bible, le livre de la Genèse, qui explique les origines du monde, nous dit que le Seigneur forma l’homme puis il planta un jardin en Eden. Ensuite, il prit  l’homme et  le  plaça en Eden qu’il  le cultive et  le garde. Le mot  Paradis, et  à plus forte  raison l’expression « Paradis Terrestre »  n’apparaissent pas. Il faudra  attendre le VI° siècle avant Jésus Christ  pour  voir apparaître le  mot paradis dans les derniers textes de  l’ Ancien testament.                        

Paradis  vient d’un mot  Persan qui désigne une enceinte  royale ou noble.  Vers  l’an 400 avant JC, l’empereur Cyrus enrôla  des mercenaires grecs qui découvrirent,  chez  lui, un immense verger irrigué, entouré  d’un mur en  pisé  et renfermant  d’innombrables  arbres  fruitiers. L’idée du jardin d’agrément avec des arbres fruitiers s’imposa. Dans l’Evangile, Paradis est devenu synonyme d’Eden et c’est  le  lieu  où Dieu accueille  les âmes des  justes, par  opposition  à l’ Enfer où échouent les  méchants. Pour  les premiers chrétiens  le  Paradis est devenu le  jardin merveilleux d’ Adam et Eve                                                                         

Le gout de la renaissance pour  l’antiquité et  la découverte poussa les chercheurs  à vouloir retrouver l’emplacement de ce  jardin que  l’on situa en Mésopatamie, au confluent du Tigre et  de  l’ Euphrate. Il y a même des cartes détaillées.                                                                   

 Le palais  de la renaissance  est conçu comme  un ensemble dont  le  jardin est  une  partie incontournable. On abandonne  le jardin de couvent  à la fois  utilitaire et  rempli de références religieuses pour passer à un jardin d’agrément où les références seront  mythologiques et scientifiques.                                                                                                  

Lorsque Catherine de Médicis arriva aux affaires, le Louvre  n’avait  pas de  jardin. En 1564 elle décida de faire  construire  le  palais  des Tuileries qui devait faire dix fois le  Louvre  avec son  magnifique  jardin de  500 mètres de  long. Elle voulait faire de ce jardin « un vrai  paradis  du monde » pour  « montrer sa  magnificence » En voici une description : Il y a de tout dans ce paradis des Tuileries, des pelouses, des bois, des parterres où le myrte, le thym, le serpolet, le romarin, la lavande, la camomille, voire le persil et l’oseille figurent des dessins compliqués ; il y a des buis taillés « en fleurs de lys, en châteaux forts, en armées de verdure, en molosses, en bêtes sauvages » ; il y a des fontaines, des bassins, des ruisseaux, des « hommes en romarin », Adam et Ève en if, des lits de repos, des bancs, des tables de feuillage, les signes du Zodiaque ».                                                                          

On pourrait rajouter  bon  nombre de surprises qui  méritent un commentaire mais, finalement, il faut se  méfier  des mots  qui cachent des surprises. Si vous recherchez  un « petit  paradis » pour  y couler des  jours heureux  méfiez vous : le  Jardin d’ Eden était conçu pour  Adam et Ève, c’est  à dire pour des  vivants alors que  le paradis est fait  pour les morts  

Les jardins renaissance de Catherine de Médicis

Dans les  jardins renaissance  il y a des  platebandes géométriques, avec des allées typiques du « jardin  à la Française » où l’on développe l’art  « topiaire », c’est  à dire  les buissons taillés, mais aussi des terrasses, des escaliers, des canaux, des jeux d’eau  ou encore des curiosités un peu  inattendues  telles que des  labyrinthes, des « murs d’écho » ou des « grottes ».   Pour tout cela  il fallait de  l’eau aussi, au  jardin des Tuileries  commencé en  1564, Catherine de Médicis  fit  aménager , dans  une  construction en ciment, un « aqueduc » c’est  à dire  un tuyau en  poterie  élaboré  par Bernard  Palissy en  1567 qui, outre ses connaissances  en  poterie avait de solides  notions d’hydrologie. 

 Dans le  jardin elle fit  installer  un « labyrinthe, » faisant référence à celui de Dédale dans la  mythologie  grecque. Ce  labyrinthe fait de cerisiers courbés, montre  à quel point, pour  les   penseurs  humanistes, une des grandes  questions  philosophiques était de savoir  combien de chemins  il fallait  parcourir  pour atteindre la Vérité.                                                                                                      

Parmi les curiosités elle fit  installer un « mur d’écho » c’est  à dire un mur en demi lune qui renvoie les voix des promeneurs et  même celle des amoureux qui voulaient que tout  le monde soit  au courant de leur amour.                                                                                      

Le comble de l’émerveillement devait  venir de la grotte construite par  Bernard  Palissy entre 1560 à 1570. Dans cette grotte artificielle on voyait  des  faunes et  des  nymphes  qui distribuaient de  l’eau  mais  c’était aussi  une « grotte émaillée »  où l’on voyait  les  motifs bien connus de ses plats en couleur: des  lézards, grenouille, crapauds, serpents… qui eux aussi crachaient de l’eau. Ils étaient si réalistes qu’on les disait  moulés sur le  modèle.  Hélas, tout ceci était  fragile et dès  1575 des  visiteurs  suisses disaient  que c’était  l’ouvrage  le plus extraordinaire du  jardin mais ils en annonçaient la destruction imminente par manque d’entretien. On ne connait même  plus son emplacement exact.                                                  

Pour  la petite  histoire, Bernard  Palissy avait adhéré  au  protestantisme : il fut  poursuivi et finit par  mourir  à la Bastille en  1590 à plus de  80 ans  et son corps fut  jeté aux chiens !                                                                                                                                            

La surprise  pouvait  être  d’un autre  ordre : par exemple  au château de Chenonceau il y avait deux jardins renaissance : le premier avait été commandé en  1551  par  Henri II pour sa  maitresse Diane de Poitiers (photo de gauche ci-dessous), le second (photo de droite ci-dessous)  fut commandé en  1560 par  Catherine de  Médicis, après la  mort de son mari et l’exil de  la  maitresse … mais  le premier  jardin fut conservé.

A gauche le jardin de Diane, à droite le jardin de Catherine à Chenonceau

  A Chenonceau également Catherine  fit  détruire  la fontaine établie par Diane  pour construire sa « Fontaine du Rocher ». Il reste  un troisième cas de figure assez  paradoxal à Fontainebleau : Catherine fit  construire  un « jardin de Diane » à la place du « jardin de la reine », avec une  magnifique Fontaine de Diane : sans  doute  une  manière de dire qu’elle  n’était  pas rancunière !!            

Fontaine de Diane au château de Fontainebleau. Atypique puisque les fontaines jaillissent par le voies naturelles des chiens

Lorsque François premier est fait  prisonnier à Pavie, en  1525 on l’envoie en prison en Espagne : il y restera  dix  mois  avant de  repartir pour réunir une rançon finalement fixée  à quatre  tonnes et demie d’or et  en  laissant ses deux fils en caution. Les garçons resteront  prisonniers pendant quatre  ans et   cela altèrera  le caractère  d’Henri  qui restera très  taciturne. Une fois revenu en France il se cherchera  néanmoins quelques amis et  modèles. Parmi eux on trouve, Jacques d’ Albon de Saint  André qui fut, entre autres, seigneur de Septème  jusqu’en  1562. La famille Deron nous a présenté un portrait de ce que  le personnage est devenu, à l’âge mur ; voici ce qu’il était dans sa  jeunesse.                                

Jacques d’Albon de Saint André

Henri se  lia d’amitié  avec Jacques d’ Albon de Saint André

Jacques d’Albon de Saint André

Il avait  18 ans en  1530 (soit sept ans de plus qu’Henri) et  occupait la charge d’écuyer  tranchant (le responsable de la découpe de la viande). A cet âge  il s’était déjà couvert de gloire en participant  à la campagne de Naples ; adroit et rusé,  il faisait  preuve  de beaucoup de bravoure, d’intelligence et « d’affabilité dans les rapports  humains ». Brantôme  le décrit « porté  sur toutes espèces  de lascivité et  profusion ». Il est fastueux et se ruine  en somptueuses parures. Il a deux règles de conduite ; la recherche des plaisirs et  le défi continuel du danger. Par bravade et par goût   il fréquente  toutes sortes de femmes  s’exposant ainsi au  péril vénérien  qui le  frappera  cruellement. Un autre  historien, Laubespine, déclare : « La  justice divine lui fit bientôt  porter la pénitence  par une carnosité  qui lui vint aux génitoires  et le travailla  tout  le cours de sa vie ». Malgré ces  outrances le timide Henri fait de  lui son ami et  partage avec  lui tous ses secrets.

Les  historiens  observent des faits et  les sociologues en tirent des conclusions… parfois discutables.                                                                                                            

 Observons donc ce qui s’est passé à l’époque  de Charles  IX et essayons d’en tirer des conclusions.  Lors  du voyage  de Charles à travers le Pays, la  peste régnait  en France. Le convoi royal arriva  à Roussillon parce qu’il fuyait  la peste  qui sévissait  à Lyon OR, c’est  à partir de ce  moment  que  les cols , aussi bien  pour  les  hommes que  pour  les  femmes se sont mis  à grandir pour devenir des « fraises » qui atteindront  plus de  30 centimètres de diamètre. C’est  à ce  moment  là, également,  que les robes vont s’orner  de vertugadins qui  leur donneront une ampleur   qui n’a rien  à voir avec le confort.

C’est encore à cette  époque que Catherine  de Médicis imposé la mode des gants parfumés portés en toutes circonstances.            

On n’a rien inventé, distanciation sociale,gestes barrières…

 

Les  historiens  observent des faits et  les sociologues en tirent des conclusions… parfois discutables                                                                                                          

 Observons donc ce qui s’est passé à l’époque  de Charles  IX et essayons d’en tirer des conclusions.  Lors  du voyage  de Charles à travers le Pays, la  peste régnait  en France. Le convoi royal arriva  à Roussillon parce qu’il fuyait  la peste  qui sévissait  à Lyon or, c’est  à partir de ce  moment  que  les cols , aussi bien  pour  les  hommes que  pour  les  femmes se sont mis  à grandir pour devenir des « fraises » qui atteindront  plus de  30 centimètres de diamètre. C’est  à ce  moment  là, également,  que les robes vont s’orner  de vertugadins qui  leur donneront une ampleur   qui n’a rien  à voir avec le confort.

C’est encore à cette  époque que Catherine  de Médicis imposa la mode des gants parfumés portés en toutes circonstances.            

 Si nous  faisons  un petit parallèle  avec ce que  nous vivons  aujourd’hui, il faut  bien en conclure qu’ils avaient  tout  inventé  de la « distanciation sociale ». Mais vous n’êtes  pas  obligés de  me croire.

Le doux parfum de la sueur

L’histoire  nous raconte que  le futur  Henri III était tombé amoureux de  la  princesse  Marie de Clèves mais que  Catherine  de  Médicis  n’avait pas  consenti à cette  union. Ce que  l’histoire  ne  nous dit pas c’est de quelle  manière cette  passion était  née.  Lors  d’une fête   au  Louvre, Marie  avait beaucoup dansé  et s’était retrouvée en sueur. Elle  passa  donc, selon  la coutume dans  l’antichambre voisine  pour changer de  chemise et retourna danser.                          

Un moment  plus tard, Henri pénétra dans  l’antichambre pour  la même raison. Il se  lava  le visage  et  les mains  avec de  l’eau ( on ne lavait jamais le reste !!) et  tendit  la  main pour  trouver  un torchon.  Le linge qui tomba  sous sa  main était  la chemise de Marie  et  il fut  totalement  envoûté  par  le  parfum de sa  propriétaire. Ceci aurait tendance  à prouver  que, si certains  pieds  sentent  le fromage, il est des aisselles qui sentent  la rose !

Les prunes de Brignoles

Les pruneaux ne sont que  des prunes séchées et, parmi les  prunes et  pruneaux appréciés à la renaissance il est  une variété qui surpasse toutes les autres « la prune de Brignoles ».  On accordait parfois à ce fruit des mérites encore  plus grands que ceux que  la science  veut  bien reconnaître  et le duc de Guise  faisait  partie du club de ses amateurs les  plus  fervents. 

            Toutefois, à l’époque qui  nous concerne, les  prunes de Brignoles étaient déjà  cultivées  à Digne. En effet, en  1570  le seigneur  qui  possédait  tous les  pruniers refusa de payer ses impôts ; du coup, les  habitants, excédés, arrachèrent ses  18 000 arbres !!! et la  production fut « délocalisée » vers Digne sans en altérer  la qualité.                                                  

            Le duc de Guise, donc, adorait  ces prunes  mais  il complotait également  pour  prendre  la couronne de France.  Lassé de ces  intrigues, Henri III lui demanda de venir au château  de Blois  pour discuter pacifiquement.  Guise s’y rendit et  le  23 décembre  1588 alors qu’il allait voir  le roi, il fut, subitement, pris d’un saignement de  nez. Il demanda alors qu’on  lui apporte des prunes  de Brignoles. Il en  mangea une et se sentit mieux. Il poursuivit son chemin vers son destin or, traîtreusement, le roi avait  organisé  une  embuscade où il fut victime de 17 coups d’épées et de dagues. Les médecins examinèrent  son cadavre et conclurent que  sur les dix sept  blessures, un seul coup avait été mortel                                                          

Assassinat du duc de Guise le 23 décembre 1558 au château de Blois

            Ma conclusion, que certains  jugeront  contestable,  est  qu’une  prune  de Brignoles avait suffi  à calmer  une  hémorragie  nasale et  à protéger le duc de Guise de seize coups d’épées. S’il en avait seulement mangé deux !!!

Catherine de Médicis avait une âme de maçon

François 1er et  Catherine  de Médicis avaient  bien des choses en commun. Tous les  deux aimaient  la renaissance  italienne, tous les deux aimaient la chasse, Tous les deux furent des mécènes et des bâtisseurs  infatigables. François 1er aimait beaucoup sa belle fille  qui le  lui rendait bien

Parmi les constructions  que  Catherine de Médicis a  léguées  à l’histoire  et au  patrimoine de la France il y a  les Tuileries, l’Hôtel de la Reine , des agrandissements spectaculaires  dans ses différents châteaux et en particulier  à Chenonceau, avec ses  galeries qui rappellent  le Ponte Vecchio de Florence, la chapelle des Valois  à Saint Denis… 

Lorsque Catherine  envisageait  un nouveau chantier, elle contactait personnellement  les architectes, elle  demandait  à voir  les plans et à consulter leurs  ouvrages. Les architectes  lui dédicaçaient leurs  livres car ils savaient  qu’elle les  lirait  et les comprendrait. Ce goût pour   l’architecture  amena  Ronsard à déclarer  avec amertume que  « la reine  préférait  les  maçons aux poètes ».

Le destin de Catherine  de  Médicis  femme d’un roi et mère  de trois  rois semble  un conte de fée pourtant elle  n’était pas  née sous  une bonne étoile : un historien  déclara que  la France  ne  la regretta pas plus qu’une chèvre morte. On la maria  pour sa dot mais cette dot  ne fut  pas versée  aussi François 1er  déclara qu’il l’avait eue nue. Elle  épousa  un roi qui mourut de manière tragique, elle eut  quatre fils dont trois furent rois de France mais moururent  jeunes et sans descendance. Comme  François  1er elle  dépensa trop et  il fallut  vendre ses biens  pour  couvrir  une  partie de ses dettes…

Après sa  mort  on  pourrait croire  qu’elle  fut victime  de ce que  les romains appelaient  la  « damnatio memoriae ». Lorsqu’un personnage  avait  été  jugé indigne, le sénat  rayait ses titres des livres d’histoire, effaçait son nom sur les monuments, bref, considérait  qu’il n’avait  jamais existé. Les  plans de ses projets, confiés par ses chers  architectes, ont tous disparu,  le palais des Tuileries a  brulé  et il fallut  le raser, l’hôtel de la reine fut détruit, les  sculptures de  la chapelle des Valois  furent brisées  ou dispersées. Les Grottes qui étaient  les plus beaux ornements de ses  jardins se sont détériorées et ont disparu. Les protestants et  le XIX° siècle se sont efforcés de dresser d’elle un portait  épouvantable et  pourtant,  elle qui n’a  jamais été titulaire du trône de France est sans  doute  un des plus grands rois que nous ayons  jamais connus.

Cette femme est un « grand  homme »

François II, un prince charmant?

François fut le premier fils de Henri II et de Catherine de Médicis après dix ans de tentatives infructueuses.  Le bon  peuple battit des  mains et acclama ce prince charmant. A la suite de la  mort  tragique de son père  il fut couronné roi de France  à quinze ans et… il  mourut à seize. Il aura été roi dix sept  mois et  marié  à Marie Stuart pendant cinq  mois.  Un médecin qui avait étudié son cas  au XIX° siècle considérait que «soigné dans une clinique moderne, ce souverain aurait eu de grandes chances d’y servir de sujet de démonstration».En effet, il souffrait d’une incapacité congénitale à cracher et à se moucher ce qui avait de pénibles conséquences sur son haleine, sa voix et même  son ouïe. Il était  obligé de garder la bouche grande  ouverte, pour respirer.  Par ailleurs  il avait  le visage couvert de taches  d’eczéma au point de faire peur  à ceux qui le voyaient  pour la première fois. Enfin, les médecins  avaient constaté  une «inaction de ses parties procréatives» ce qui a  laissé des champs de découverte  à son épouse  lors de son second  mariage. En raison de toutes ces infirmités on l’avait surnommé  « le petit roi » pourtant, comme tous les Valois il était grand. Il mesurait 1 m 87

 L’image du prince charmant en prend un bon coup !

Les combats à la barrière et les tournois de HENRI II

Le tournoi n’était  pas seulement une activité  physique  c’était aussi la reproduction , dans la vie quotidienne  de  la  littérature chevaleresque qui avait  bercé l’ enfance du roi lors  de son séjour dans les prisons d’ Espagne. Au cours  du combat  il était « Amadis de  Gaule » défendant sa dame.                                                                                                                                          

A l’entrainement, presque  chaque jour,  il défiait  plusieurs seigneurs de sa garde  au cours de « combats  à la barrière ». Sur  une centaine de  mètre de long  il y avait , à la hauteur  de  la taille des cavaliers, une  double  barrière de  bois  pour que la moitié  inférieure  du corps, et le cheval, ne  puissent  être  blessés.  Dans  ces cas  là, les combattants  ne portaient que  le  haut de  leur armure.                                                                                                                

Les vrais tournois se déroulaient  lors de festivités officielles et étaient  entourés de toute  une  mise en scène spectaculaire.  On construisait  un roman chevaleresque  dans  lequel chacun  jouait  un rôle. On lançait  un défi public aux adversaires éventuels. Le  jour du tournoi, les décors étaient  très  hauts en couleurs. Chaque cavalier  portait ses couleurs : Henri II était, naturellement, en blanc et  noir aux couleurs de Diane!! Le combat se faisait à la  lance, à l’épée  à deux mains, à la  hache  ou à la  pique.                                                         

Bien entendu ces  combats devaient  rester courtois et  sans blessures graves. Il s’agissait  d’abord d’un spectacle grandiose qui « racontait une  histoire », dans  le genre de ce que l’on observe de nos  jours  au Puy du Fou. Il y avait  toujours  une série  de valets pour  séparer les combattants  qui, dans  l’enthousiasme, auraient  perdu le sens  de la mesure.   Une fois  les combats  terminés, on passait  au festin qui n’était pas  moins  rituel, puis au bal et aux spectacles.

Ces tournois devaient rester courtois et sans blessure sauf en ce jour du 30 juin 1559 où Henri II fut mortellement blessé

Charles IX et le poile d’Avignon

En Avignon il n’y a  pas seulement  un pont !!!                                                      

L’histoire  d’Avignon est  un peu  particulière puisque la ville  fut  la Cité des Papes de  1309  à 1378 et même, de manière contestée  jusqu’en  1428.  Par  la suite la ville a conservé  un statut  particulier  puisqu’elle était  gérée  à la fois  par les autorités  du roi de France et par  un légat du  pape, devenu un « vice  légat »  à partir de  1541.  La ville reçut  la  visite de Charles IX du 24 septembre  au  16 octobre 1564 ce qui en fait  un séjour tout à fait  notable et digne  d’un lieu aussi prestigieux.                                                                           

Selon  la tradition, la visite  du roi respectait un rituel  précis : comme  les visiteurs  arrivaient du  nord, ils entraient par  la  porte Saint Lazare. À coté du fossé  qui protège  la porte,  on avait  installé une tribune  permettant  les  harangues et gestes rituels avec, en particulier  la  présentation du dais qui devait abriter le  roi.                                                      

La confection de ce dais  était  l’une des  préoccupations  majeures  de la  population  lorsqu’un grand  personnage, comme  le roi  ou le  légat du Pape,  arrivait  dans la ville. Pour  Charles IX, on sait  que le dais était  de couleur cramoisie et  brodé de  lys d’or.  C’était  un baldaquin soutenu par six montants de  bois peint que portaient  le viguier, c’est  à dire le  juge  local, les trois consuls  de la ville et  divers notables de la ville. En souvenir  du mot  latin « Pallium » qui voulait  dire  « manteau » puis qui avait  désigné  un ornement  liturgique réservé au  pape, ce dais avait  été  nommé « Palli » puis, par déformation populaire,on l’avait appelé « Poile ».                                                                                                          

Charles IX  a donc  traversé  la ville sous le « Poile d’Avignon » mais il n’y dansait pas.

Le tour de France de Charles IX

Les portugais de Henri II

En 1550, deux mois avant  la  naissance  de Charles IX, Henri II,  par  lettres  patentes, ouvrit les  portes du royaume de France aux « Portugais ».  En réalité  il s’agissait  de ceux que l’on appelait, depuis  1492 les « nouveaux chrétiens ».                                                               

En Espagne, il était  devenu interdit  d’être  juif  ou musulman : ces personnes avaient   le choix entre  l’exil  ou la conversion au catholicisme.  Beaucoup partirent, d’autre se convertirent (au moins en apparence) et devinrent des « nouveaux chrétiens ». Certains  furent  sincères et  devinrent  de grands  chrétiens : c’est  le cas de Sainte Thérèse d’ Avila  ou de Saint  Jean de  la Croix, deux  grands  mystiques  aux origines  juives.                          

Toutefois comme ces   nouveaux chrétiens étaient, malgré  tout, surveillés de  manière  insupportable, beaucoup choisirent de s’exiler au Portugal où ils représentèrent  jusqu’à 10% de la  population.  Officiellement  ils devaient  être chrétiens et  membres d’une  paroisse mais tout  le  monde savait  que beaucoup continuaient  à pratiquer  le  judaïsme chez eux.            

 En 1543  le très chrétien Philippe  II, roi d’Espagne, épousa Marie Christine  de Portugal et la  pression sur  les  juifs reprit au Portugal. Beaucoup demandèrent alors à rejoindre  leurs  coreligionnaires  installés en France, à Bordeaux, à Toulouse  ou encore  à Paris comme Elie de Montalto qui était  médecin personnel de Catherine de Médicis.              

Grâce aux  lettres  patentes de  Henri II plusieurs  milliers d’entre eux  purent se réfugier  en France où on les surnomma  les « Portugais ». On leur  demanda  de s’inscrire dans  une  paroisse  mais  on les  laissa pratiquer  leur  religion en  privé ; Il fallut  toutefois attendre la révolution  pour  leur reconnaître le titre  de citoyens  ou encore  le droit d’être ensevelis  au cimetière

Connaissez vous Luc Gauric?

Chacun sait  que, comme   tous les grands personnages de leur époque, y compris les papes, Catherine de Médicis, et donc, Henri II, ne  faisaient  rien sans  consulter leurs astrologues-mages-devins… Tout  le monde connait Nostradamus, parfois Ruggieri mais qui connait Luc Gauric et pourtant !!

Portrait supposé de Cosimé ou Côme Ruggiéri, date de naissance inconnue, décès le 28 mars 1615,apparu à la cour de France en 1571

Luc Gauric était un astrologue et mathématicien célèbre  en son temps que  le  pape Paul III avait nommé évêque  en raison de ses « mérites ». Un jour, en  1551, Catherine  de  Médicis  lui avait demandé  l’horoscope de son mari et celui-ci avait été totalement rassurant: « Il sera très puissant et  parviendra  à l’âge de  soixante neuf ans, dix mois et douze  jours par  un chemin aisé et  heureux ».

Luca Gaurico ou Luc Gauri : 12 mars 1476, 6 mars 1558

Cinq ans plus tard, Gauric, depuis Rome,  fit parvenir a Claude de  l’Aubespine, le plus jeune frère de Sébastien, qui était secrétaire  particulier de Henri II,   un complément d’information en urgence : il disait  qu’aux environs de  quarante et un ans il devrait se  méfier  d’un duel car les astres  le  menaçaient  d’une blessure  à la  tête  pouvant  provoquer  la cécité, voire la mort.

L’affaire, officiellement enregistrée  fut  débattue entre  plusieurs témoins et le  risque  fut  jugé négligeable puisque, depuis le  duel de Jarnac, les combats  à mort avaient  été proscrits.  Le roi était bien  décidé  à ne pas  risquer  sa vie de manière  inconsidérée  mais il conclut  que si cela  devait arriver, il mourrait de la main d’un vaillant chevalier et en retirerait  toute  la gloire !!!

Finalement, Henri II mourut dans  un tournoi qui aurait  du n’être  qu’un exercice. Après  avoir provoqué Montgomery pour une lance supplémentaire, alors que tout le monde  lui disait de ne pas le faire, le roi  fut victime, le 10 juillet  1559, d’une blessure  à la tête, une lance plantée dans  l’œil et  il avait quarante ans et  trois mois.

Au bout du compte, comparons des  prédictions des différents astrologues : Nostradamus  utilise toujours un galimatias  auquel on peut  faire dire ce  que l’on veut ; Ruggieri n’avait  rien dit  sur la  mort  du roi ; en revanche, les prédictions de Gauric  sont  d’une  précision chirurgicale : mais  pourquoi ne  parle-t-on  jamais de Luc Gauric ?

Jean de Taix et Diane de Poitiers

Henri II épousa  Catherine  de Médicis en 1533 mais, dès 1536, Diane de Poitiers devint  sa maîtresse.  Tout  le monde  le savait  et  tout  le  monde  pouvait  constater qu’elle avait  20 ans de plus que lui.                                                                                                                   

 En 1548, alors que  Diane  avait  49 ans, ce qui, pour  l’époque  était  un âge avancé, un gentilhomme nommé  Jean de Taïx, maître  d’artillerie et  colonel d’infanterie,  qui avait  depuis  longtemps  démontré qu’il était l’un des plus braves soldats du  pays, se permit  de plaisanter  sur  l’âge de  la maîtresse du roi. Dans  l’instant, il fut  privé de tous ses  emplois  à la cour  et prier  de se retirer  sur  ses  terres dans son domaine du minuscule  village de Taix dans le Tarn où il mourut, d’ennui ,sans doute, en 1553.                                                                

Dans ce  pays  où médisance  et  calomnie régnaient  en maîtres, il y avait  quand même des domaines  qu’il était  préférables d’éviter.

Le mari, l’épouse et François 1er

A la renaissance, et au-delà !! on estimait convenable  que la  maîtresse du roi fut mariée… au cas où il naîtrait des enfants !!!                                                                                

Anne de Pisseleu fut la  maîtresse en titre de François  premier pendant  plus de vingt ans, il fallait  donc la  marier. Elle épousa Jean de Brosse qui était  totalement  ruiné  et  dont le domaine était également  en ruines. Après une brève lune de  miel, Jean, confortablement  « doté » repartit  restaurer ses  domaines pendant  qu’Anne restait  aux  cotés  du roi. Deux ans  plus tard Jean recevait  le titre de duc… ce qui permettait  à Anne  d’être duchesse. Bien entendu, la  nomination  se fit officiellement  par le biais de  lettres  patentes qui ne  manquent ni d’humour  ni de sel.  En effet François  Premier accordait à Jean  de Brosse le titre  de  duc « ayant  égard et singulière considération au bon et  agréable service que  notre cher et aimé cousin nous fait  ordinairement  chaque  jour ».                                                              

Ci-dessus Anne de Pisseleu et Jean IV de Brosse

Bien entendu tout le  monde comprenait  de quel « service quotidien » le roi voulait parler. 

L’enfance et la jeunesse des princes

Quand  on parle de  l’enfance des princes, cela s’arrêtait  à sept  ans, par  le suite on passait à la  jeunesse qui s’arrête  à quinze (parfois  avant  ou bien avant, pour cause  de  mariage) et  on devenait adulte (il faut  dire  que, bien souvent,  on mourait très  jeune !).           

Les  princes et les enfants de  la haute  noblesse étaient confiés  à des gouvernantes qui allaient s’en occuper comme  de véritables mamans… bien sûr avec l’aide de la « maison » de  chacun d’entre eux , ce qui, pour  les enfants royaux pouvait atteindre  300 personnes.                          

Pour éviter toute  équivoque il faut préciser  que, de  la  part  des  parents, ce  n’était pas un manque  d’amour, au contraire. Les  parents devaient   répondre aux devoirs de  leur charge. Ils étaient  toujours en déplacement  et  souvent  en des lieux  dangereux, ou dans  des régions  infestées  par  des  épidémies. Les  héritiers étaient bien  plus  en sécurité ainsi. Pour les enfants royaux, le château de Blois fut  ainsi une  véritable  pouponnière aux bons soins de Françoise d’Humières et de son mari, pour  les  enfants  d’Henri II et de Catherine  de Médicis.                

Par la suite on passait à des précepteurs  qui  leur  donnaient  toutes  les connaissances nécessaires aux personnalités qu’ils allaient devenir et nos souverains étaient  très cultivés. En ce qui concerne  les enfants de Henri II et de Catherine  de Médicis on sait que  Diane  avait  la  haute  main sur  leur  éducation et elle s’en occupait avec une remarquable compétence.                                                                                                               

Ces pensionnats d’élite avaient une  autre  curiosité. On ne  se contentait pas d’y recevoir les enfants  du couple royal : les bâtards étaient  élevés dans  les mêmes conditions ainsi que  bien d’autres enfants . C’est ainsi qu’avec les enfants  du couple  royal  il y avait  un très lointain cousin qui deviendra  le futur  Henri IV ; il y avait encore Marie  Stuart.            

Ce choix  ne devait  rien au  hasard : les  calculs  politiques présidaient  largement  dans  le choix des  mariages et  on s’y préparait  très  longtemps  à l’avance, au cas  où.

De gauche à droite et du haut vers le bas: Henri II et Catherine de Médicis, blason de la famille Humières, tombeau de Jean III d’Humières, Diane de Poitiers, François 1er, Marie Stuart, Henri IV