La belle cordière, les cordiers
Jadis, les cordiers étaient méprisés car, lorsqu’ils filaient une corde, il ne savaient pas si, finalement, ce ne serait pas celle d’un pendu. Au Théâtre prononcer le mot “corde” est censé porter malheur et celui qui le fait doit payer la tournée à l’équipe. A l’origine cela vient du fait que le maniement des cordes des décors était délicat aussi avait il été confié à d’anciens marins or, tous les marins sont superstitieux et, sur un bateau, la seule corde qui justifie ce mot est celle de la cloche. Finalement les cordiers avaient du mal à se marier même s’ils étaient riches et beaux garçons. Leur métier prêtait également à la moquerie car, quand on file une corde , on marche à reculons. Ce qui est synonyme de faire de mauvaises affaires.Le patron des cordiers est Saint Paul: ce n’est pas mal mais c’est un romain et juif converti!!
Hypocras ou Ypocras
Lors de mes recherches sur le patrimoine religieux je viens de tomber sur un texte amusant: Dans une pièce du moyen âge intitulée “La farce des marauds enchaînés” deux fiers à bras se vantent à tour de rôle de leurs exploits “guerriers”. L’un d’entre eux se vante d’avoir frappé à coups de bâton une poule qui le dérangeait. Il s’en est ensuivi une bataille rangée avec le propriétaire de la poule et les habitants de la ferme. Ces gens pensaient ne faire qu’une bouchée de lui mais le fanfaron déclare ( je mets le texte en français actuel car, sinon c’est un peu difficile)
Tout de suite et sans préchi-précha
Je leur tombe dessus à bras raccourcis
mais , je renie Saint Ypocras
Si j’avais suivi mon désir
J’aurais fait le plus beau carnage
Qu’on ait fait dans le pays
Ah, s’ils ne s’étaient pas enfuis
Je les aurais, par ma foi, tous massacrés.
Je ne savais pas que notre boisson avait eu un procès en béatification!!!
Luc DAMEY
1559: Marguerite de France au château de Roussillon
Tiré du livre de Dufier.
Marguerite de France, sœur de feu le roi de France Henri II avait épousé le 9 juillet 1559 Emmanuel Philibert de Savoie, or, en allant rejoindre son mari en résidence à Nice, elle s’arrêta à partir du 19 décembre 1559 au château de Roussillon. Elle emmenait avec elle ses filles d’honneur, ses officiers et le chancelier Michel de l’Hospital. Voici ce qu’écrivait ce dernier au sujet de ce séjour:“Roussillon nous offrit une magnifique hospitalité qui fut très agréable à la princesse. le cardinal François de Tournon, propriétaire du château, était à Rome où il participait au conclave qui devait élire le successeur du pape Paul IV.
Ce fut son neveu, Just de Tournon, comte de Roussillon qui nous accueillit, nous présenta les vins délicieux de la région,et nous fit asseoir à une table chargée de mets délicats. Partout ruisselle une somptueuse et splendide vaisselle d’or et d’argent, partout de riches tapis, oeuvres de Sidon et de Phrygie.”
Catherine de Médicis et Diane de Poitiers, un couple étrange…
Pour une femme d’aujourd’hui la situation de Catherine de Médicis et de Diane de Poitiers est difficile à comprendre. Catherine arrive d’Italie pour épouser, à moins de quinze ans un garçon du même âge, affublé d’une maîtresse âgée de 20 ans de plus. Catherine était rondouillarde, pas franchement jolie alors que Diane était mince comme une liane et reconnue comme la plus belle femme de France. Cette situation serait totalement insupportable de nos jours et pourtant elle fut admise. A vrai dire c’était l’usage, pour le roi, d’avoir une maîtresse en titre et d’accorder ses faveurs à toutes celles qu’il sollicitait. La reine était là pour donner des héritiers à la couronne, pour être «aimée » mais pas «chérie».
Pour être objectif, il faut bien reconnaître que, si la situation faite aux femmes était intolérable, celle des hommes n’était pas beaucoup plus enviable car ils ne connaissaient pas leur épouse avant le mariage or, ces unions étant avant tout politiques et financières, la promise n’était pas toujours d’une beauté légendaire;ainsi l’épouse de François premier était « boiteuse et louchonne » .
Cette situation était pourtant si naturelle, à l’époque, que la maîtresse était chargée de l’éducation des enfants royaux, et ce n’est pas le seul cas de l’histoire. La reine ne pouvait qu’accepter la situation car, comme disait une de mes arrière grand-tantes « il faut bien que la chèvre broute là où elle est attachée»
En dépit des usages, la jalousie traverse l’histoire et ce couple étrange n’y échappa pas. Dés la mort de son mari, Catherine récupéra un certain nombre de biens de la maîtresse et l’exila dans son château d’ Anet, où, en dépit des sollicitations, elle n’eut plus aucun amant. Il faut dire que, si elle avait conservé toute sa beauté, elle dépassait les soixante ans tout de même. Un beau jour, Diane finit par décéder à l’âge de 66 ans, ce qui était plus qu’honorable pour l’époque et à cette occasion on prête à Catherine de Médicis une phrase acide. « Elle a quand même fini par vieillir ». Il est difficile de jurer que cette phrase est bien authentique mais elle traduit bien cette situation étrange qui mélange la jalousie et l’envie, le mépris et le respect.
François 1er et le mari cocu
François premier fait partie de ces rois qui ont « beaucoup couru ». Entre les maîtresses officielles et les aventures sans lendemain, on perd le compte. De toute façon, quand le roi demandait on s’exécutait ; pourtant, un jour, il fut vaincu par un mari jaloux. Ayant un jour aperçu une femme superbe, le roi lui donna rendez vous pour le soir même, chez elle et elle n’osa pas refuser. Pourtant elle en fit part à son mari qui attendit l’arrivée du roi. Lorsque le roi arriva dans la rue, le marchand se mit à la fenêtre en criant « Vive le roi, vive le roi ». En riant de la situation le roi préféra se retirer.
Les cheveux et la barbe de François 1er
En 1521 François premier avait 27 ans et il fut invité, à Paris, par son ami le comte de Saint -Pol dans son château, le jour de l’épiphanie pour tirer les rois. Le hasard voulut que le comte de Saint-Pol eût la fève et portât donc la couronne de roi de l’épiphanie. François premier, par jeu, fit mine de vouloir récupérer la couronne, l’affaire dégénéra en combat de boules de neiges généralisé dans la cour du château puis les amis du comte se réfugièrent dans le château et, dans l’enthousiasme, le comte ou un de ses amis, prit une bûche enflammée dans la cheminée et la jeta par la fenêtre. Elle tomba… sur la tête du roi. Le résultat fût catastrophique: le roi perdit connaissance, ses cheveux brûlèrent et sa joue fut brûlée. Il se trouve qu’à cette époque le roi était connu pour ses cheveux longs jusqu’aux épaules et frisés par son barbier. En revanche il était rasé. Les médecins l’emmenèrent et n’eurent d’autre solution que de lui raser les cheveux et de soigner sa joue qui garda une vilaine cicatrice. Les courtisans impressionnés firent comme le roi et se firent raser les cheveux; pendant très longtemps la mode fut aux cheveux courts. Par ailleurs , pour cacher sa cicatrice, le roi se fit pousser une grande et grosse barbe et tous les hommes de la cour portèrent la barbe pendant un siècle. Les dames de la cour que, pour la circonstance, on pourrait traiter de courtisanes ne voulurent pas être de reste. Comme les hommes se faisaient raser la tête elles se firent raser aussi, mais… plus bas.
Pourquoi offre t’on du muguet le 1er mai
En 1560, le roi Charles IX, en visite avec sa mère Catherine de Médicis dans la Drôme, se vit offrir par le chevalier Louis de Girard de Maisonforte un brin de muguet, cueilli dans son jardin à Saint-Paul-Trois-Châteaux. Dès le 1er mai 1561, le roi se met alors à distribuer des brins de muguet aux dames de la cour en leur disant: «Qu’il en soit fait ainsi chaque année». La coutume était née.
Que s’est-il passé un 4 mai à la renaissance
C’est le 4 mai 1555 que furent publiées les fameuses prédictions de Nostradamus. Le 4 mai 1591 François de Coligny, grand militaire et grand chef des Huguenots meurt à l’âge de 34 ans. Il était le fils du fameux Gaspard de Coligny dont la mort est un des faits marquants de la Saint Barthélémy. Le 4 mai 1600 on constate le décès de Jean Nicot: c’est lui qui, en 1560 avait envoyé à Catherine de Médicis du tabac, afin de soigner les migraines de son fils François II. Cela n’empêchera pas le décès de ce jeune roi au bout d’un an de règne, laissant ainsi la place à Charles IX, toutefois, en signe de reconnaissance, cela vaudra à Jean Nicot d’être anobli.
Pour complément d’information, dans le calendrier révolutionnaire , le 4 mai sera le jour du ver à soie, ce qui en faisait un grand jour dans notre région.
Catherine et Diane:faut-il les opposer?
Catherine de Médicis et Diane de Poitiers n’avaient pas que Henri II en commun, en effet, elles étaient cousines au troisième degré. Catherine était à moitié française puisque sa mère était une « La Tour d’ Auvergne » or il se trouve que, dans la famille La tour D’Auvergne, les grand pères de Catherine et de Diane étaient frères.
Catherine et Diane ont également partagé des châteaux. En 1550, Catherine achète le château de Chaumont qui possède un domaine viticole très rentable. Un peu plus tard Diane reçoit le château de Chenonceaux de la part de son amant royal qui fait scandale en organisant des fêtes aux couleurs de sa maîtresse. A la mort d’ Henri II, par vengeance, Catherine récupère Chenonceaux mais, comme c’était un cadeau inaltérable elle doit l’échanger contre celui de Chaumont. Diane se retirera alors dans son somptueux château d’ Anet mais profitera des revenus de Chaumont
Catherine donnera à Chenonceaux des réceptions somptueuses dont trois au moins ont défrayé la chronique : la première fois ce fut pour le sacre de François II, la deuxième fois pour la majorité officielle de Charles IX et la troisième fois pour Henri III avec le fameux « bal des seins nus » où les 60 plus belles femmes de France déambulent habillées de voiles totalement transparents.
Diane s’était également fait offrir un “ relais de chasse” aux « Clayes sous bois » dans les Yvelines. Elle y créa en 1556 le « Jardin de Diane » et elle y planta l’ « arbre de Diane » : un magnifique platane qui mesure aujourd’hui 31 m de haut, 43 m d’envergure. Son tronc fait 8 m de diamètre et plusieurs de ses branches basses, en touchant le sol ont pris racines par marcottage ce qui donne un résultant stupéfiant
En France il existe un autre platane aussi vieux qui se trouve à Lamanon, à coté de Salon de Provence et il a été planté quelques années plus tard par Catherine de Médicis lors de la visite à son astrologue Nostradamus en 1564. Cet arbre est un peu plus petit que celui de Diane mais… par déférence envers la reine, la tradition dit que c’est le plus vieux platane de France.
Les carabins: Louis XIII ou Henri III
LES CARABINS
En français du moyen âge le mot « carabin » désignait un scarabée qui creuse la terre et par assimilation les fossoyeurs qui ensevelissent les cadavres. Comme les cadavres étaient souvent ensevelis par les étudiants en médecine, lors des épidémies de peste, par exemple, le surnom leur est resté. Pourtant, au fil de l’histoire ce surnom a connu une autre application surprenante
En 1622, Louis XIII créa une compagnie de 100 cavaliers dotés de mousquets, c’est pourquoi on les appela des « mousquetaires ». Ils étaient sous les ordres du capitaine de Troisville qu’Alexandre Dumas transforma en Tréville dans son célèbre roman.
En réalité Louis XIII n’était pas l’inventeur du projet puisqu’il n’avait fait que modifier l’armement d’une compagnie créée une trentaine d’années auparavant. En effet, Henri III avait déjà créé, pour l’escorter, une compagnie de cavalerie légère munie de carabines à canons courts, ce qui leur permettait de tirer tout en chevauchant. En raison de leur équipement on les appelait des « carabins » !
Hiver 1564 et printemps 2020
L’hiver 1564 fut exceptionnellement froid. Il fut par ailleurs suivi de plusieurs années glaciales à tel point que cette décennie est la plus froide observée au cours de notre période moderne. Charles IX fut même bloqué trois semaines à Montpellier par un mètre de neige. Comme un malheur n’arrive jamais seul, l’année 1565 fut très pluvieuse et les productions agricoles misérables, la peste de 1564 se poursuivit durant toute l’année 1565 et la crise humanitaire fut d’une rare ampleur . A cette époque les dépenses en blé représentaient la moitié des dépenses quotidiennes de la classe populaire. Selon les lieux, le prix du blé fut multiplié par trois, parfois quatre ou même six. Les prix, bien que fluctuants, restèrent élevés toute la décennie. La famine s’installa partout. Dans ces cas là on mange ce qu’on trouve. Dans toute notre région l’ergot de seigle et son Mal des Ardents, https://fr.wikipedia.org/wiki/Ergotisme , provoquèrent des ravages. Les registres paroissiaux, quand ils existent, nous permettent de mesurer l’ampleur de la crise : le nombre de décès annuels fut multiplié au moins par deux et parfois par cinq dans certaines zones. On constata un grand nombre de ruptures familiales, une diminution considérable du nombre des mariages et des naissances et enfin une augmentation impressionnante du nombre d’enfants abandonnés et des phénomènes de vagabondage et de mendicité. En 1566, une loi donna l’ordre à la maréchaussée de ramasser les vagabonds pour les envoyer aux galères ou aux travaux forcés pour élever des fortifications. Bien entendu, après cette décennie les choses ne furent pas roses pour autant : en 1580 il y eut une épidémie de coqueluche mortifère suivie par une nouvelle épidémie de peste l’année suivante. . Dix ans plus tard la famine s’installa dans le pays pour trois ans de plus… Notre situation aujourd’hui est très compliquée, beaucoup de phénomènes observés à l’époque se reproduisent mais, si on fait quelques statistiques, on constate que la mortalité aura sans doute augmenté cette année de moins de 3% : nous sommes obligés de constater que, dans notre malheur, par rapport à nos aïeux, nous avons de la chance.
Abbaye royale de Chaalis(Oise)
Dans cette abbaye on trouve un joli jardin renaissance orné d’une pergola, d’un pavillon, d’une volière… le tout est entouré d’un mur crénelé avec une porte qui porte en son sommet les armes du premier abbé qui reçut le bénéfice de cette abbaye. L’ensemble de ce mur a été dessiné par… Sebastiano Serlio
Diane de Poitiers, grandeur et décadence
On sait que Diane de Poitiers est née à Saint Vallier, même si nous ne disposons pas de son acte de baptême. On sait qu’elle fit doubler la taille de l’église du lieu pour y rajouter un mausolée gothique grandiose pour sa famille et donc pour elle. Ce sont des choses auxquelles il faut penser à l’avance !
Pourtant, à la suite de sa disgrâce, elle fut enterrée au château d’Anet
que lui avait offert Henri II. Elle y avait d’ailleurs fait construire une chapelle grandiose à cet effet. Il faut parfois revoir ses projets d’avenir !! Dans cette chapelle il y avait un cénotaphe (un monument vide) avec son effigie, et son tombeau qui était un caveau à part, dans le genre crypte et où, selon l’usage son corps était enveloppé dans un cercueil en plomb.
A la révolution, son tombeau fut profané par les révolutionnaires. Leur première idée fut de récupérer le plomb pour en faire des balles (quelle déchéance). Ils trouvèrent alors son corps parfaitement conservé avec la peau blanche puis, au contact de l’air la peau noircit rapidement. On décida alors de la retirer de son tombeau et de la mettre, avec le peuple, dans une fosse commune. A coté d’elle on trouva les corps de deux petites filles de 2 et 6 ans. Les historiens ont établi qu’il s’agissait de deux de ses petites filles mortes en bas âge. On enveloppa les corps pour les transporter mais un des fossoyeurs, par mégarde attrapa Diane par les cheveux qui lui restèrent dans la main. Ces cheveux ont été conservés et les corps ont été retrouvés. Les spécialistes de la génétique ont même pu certifier l’authenticité de ces « reliques ».
Un amateur d’art intelligent avait sauvé son cénotaphe de la destruction, en tant qu’œuvre d’art, quand à son tombeau de pierre il servit pendant des siècles d’abreuvoir pour les chevaux dans une ferme de la région.
Même les pierres peuvent connaitre grandeur et décadence.
Au commencement était la lumière…mais pas le paradis
Dans la Bible, le livre de la Genèse, qui explique les origines du monde, nous dit que le Seigneur forma l’homme puis il planta un jardin en Eden. Ensuite, il prit l’homme et le plaça en Eden qu’il le cultive et le garde. Le mot Paradis, et à plus forte raison l’expression « Paradis Terrestre » n’apparaissent pas. Il faudra attendre le VI° siècle avant Jésus Christ pour voir apparaître le mot paradis dans les derniers textes de l’ Ancien testament.
Paradis vient d’un mot Persan qui désigne une enceinte royale ou noble. Vers l’an 400 avant JC, l’empereur Cyrus enrôla des mercenaires grecs qui découvrirent, chez lui, un immense verger irrigué, entouré d’un mur en pisé et renfermant d’innombrables arbres fruitiers. L’idée du jardin d’agrément avec des arbres fruitiers s’imposa. Dans l’Evangile, Paradis est devenu synonyme d’Eden et c’est le lieu où Dieu accueille les âmes des justes, par opposition à l’ Enfer où échouent les méchants. Pour les premiers chrétiens le Paradis est devenu le jardin merveilleux d’ Adam et Eve
Le gout de la renaissance pour l’antiquité et la découverte poussa les chercheurs à vouloir retrouver l’emplacement de ce jardin que l’on situa en Mésopatamie, au confluent du Tigre et de l’ Euphrate. Il y a même des cartes détaillées.
Le palais de la renaissance est conçu comme un ensemble dont le jardin est une partie incontournable. On abandonne le jardin de couvent à la fois utilitaire et rempli de références religieuses pour passer à un jardin d’agrément où les références seront mythologiques et scientifiques.
Lorsque Catherine de Médicis arriva aux affaires, le Louvre n’avait pas de jardin. En 1564 elle décida de faire construire le palais des Tuileries qui devait faire dix fois le Louvre avec son magnifique jardin de 500 mètres de long. Elle voulait faire de ce jardin « un vrai paradis du monde » pour « montrer sa magnificence » En voici une description : Il y a de tout dans ce paradis des Tuileries, des pelouses, des bois, des parterres où le myrte, le thym, le serpolet, le romarin, la lavande, la camomille, voire le persil et l’oseille figurent des dessins compliqués ; il y a des buis taillés « en fleurs de lys, en châteaux forts, en armées de verdure, en molosses, en bêtes sauvages » ; il y a des fontaines, des bassins, des ruisseaux, des « hommes en romarin », Adam et Ève en if, des lits de repos, des bancs, des tables de feuillage, les signes du Zodiaque ».
On pourrait rajouter bon nombre de surprises qui méritent un commentaire mais, finalement, il faut se méfier des mots qui cachent des surprises. Si vous recherchez un « petit paradis » pour y couler des jours heureux méfiez vous : le Jardin d’ Eden était conçu pour Adam et Ève, c’est à dire pour des vivants alors que le paradis est fait pour les morts
Les jardins renaissance de Catherine de Médicis
Dans les jardins renaissance il y a des platebandes géométriques, avec des allées typiques du « jardin à la Française » où l’on développe l’art « topiaire », c’est à dire les buissons taillés, mais aussi des terrasses, des escaliers, des canaux, des jeux d’eau ou encore des curiosités un peu inattendues telles que des labyrinthes, des « murs d’écho » ou des « grottes ». Pour tout cela il fallait de l’eau aussi, au jardin des Tuileries commencé en 1564, Catherine de Médicis fit aménager , dans une construction en ciment, un « aqueduc » c’est à dire un tuyau en poterie élaboré par Bernard Palissy en 1567 qui, outre ses connaissances en poterie avait de solides notions d’hydrologie.
Dans le jardin elle fit installer un « labyrinthe, » faisant référence à celui de Dédale dans la mythologie grecque. Ce labyrinthe fait de cerisiers courbés, montre à quel point, pour les penseurs humanistes, une des grandes questions philosophiques était de savoir combien de chemins il fallait parcourir pour atteindre la Vérité.
Parmi les curiosités elle fit installer un « mur d’écho » c’est à dire un mur en demi lune qui renvoie les voix des promeneurs et même celle des amoureux qui voulaient que tout le monde soit au courant de leur amour.
Le comble de l’émerveillement devait venir de la grotte construite par Bernard Palissy entre 1560 à 1570. Dans cette grotte artificielle on voyait des faunes et des nymphes qui distribuaient de l’eau mais c’était aussi une « grotte émaillée » où l’on voyait les motifs bien connus de ses plats en couleur: des lézards, grenouille, crapauds, serpents… qui eux aussi crachaient de l’eau. Ils étaient si réalistes qu’on les disait moulés sur le modèle. Hélas, tout ceci était fragile et dès 1575 des visiteurs suisses disaient que c’était l’ouvrage le plus extraordinaire du jardin mais ils en annonçaient la destruction imminente par manque d’entretien. On ne connait même plus son emplacement exact.
Pour la petite histoire, Bernard Palissy avait adhéré au protestantisme : il fut poursuivi et finit par mourir à la Bastille en 1590 à plus de 80 ans et son corps fut jeté aux chiens !
La surprise pouvait être d’un autre ordre : par exemple au château de Chenonceau il y avait deux jardins renaissance : le premier avait été commandé en 1551 par Henri II pour sa maitresse Diane de Poitiers (photo de gauche ci-dessous), le second (photo de droite ci-dessous) fut commandé en 1560 par Catherine de Médicis, après la mort de son mari et l’exil de la maitresse … mais le premier jardin fut conservé.
A Chenonceau également Catherine fit détruire la fontaine établie par Diane pour construire sa « Fontaine du Rocher ». Il reste un troisième cas de figure assez paradoxal à Fontainebleau : Catherine fit construire un « jardin de Diane » à la place du « jardin de la reine », avec une magnifique Fontaine de Diane : sans doute une manière de dire qu’elle n’était pas rancunière !!
Lorsque François premier est fait prisonnier à Pavie, en 1525 on l’envoie en prison en Espagne : il y restera dix mois avant de repartir pour réunir une rançon finalement fixée à quatre tonnes et demie d’or et en laissant ses deux fils en caution. Les garçons resteront prisonniers pendant quatre ans et cela altèrera le caractère d’Henri qui restera très taciturne. Une fois revenu en France il se cherchera néanmoins quelques amis et modèles. Parmi eux on trouve, Jacques d’ Albon de Saint André qui fut, entre autres, seigneur de Septème jusqu’en 1562. La famille Deron nous a présenté un portrait de ce que le personnage est devenu, à l’âge mur ; voici ce qu’il était dans sa jeunesse.
Jacques d’Albon de Saint André
Henri se lia d’amitié avec Jacques d’ Albon de Saint André
Il avait 18 ans en 1530 (soit sept ans de plus qu’Henri) et occupait la charge d’écuyer tranchant (le responsable de la découpe de la viande). A cet âge il s’était déjà couvert de gloire en participant à la campagne de Naples ; adroit et rusé, il faisait preuve de beaucoup de bravoure, d’intelligence et « d’affabilité dans les rapports humains ». Brantôme le décrit « porté sur toutes espèces de lascivité et profusion ». Il est fastueux et se ruine en somptueuses parures. Il a deux règles de conduite ; la recherche des plaisirs et le défi continuel du danger. Par bravade et par goût il fréquente toutes sortes de femmes s’exposant ainsi au péril vénérien qui le frappera cruellement. Un autre historien, Laubespine, déclare : « La justice divine lui fit bientôt porter la pénitence par une carnosité qui lui vint aux génitoires et le travailla tout le cours de sa vie ». Malgré ces outrances le timide Henri fait de lui son ami et partage avec lui tous ses secrets.
Les historiens observent des faits et les sociologues en tirent des conclusions… parfois discutables.
Observons donc ce qui s’est passé à l’époque de Charles IX et essayons d’en tirer des conclusions. Lors du voyage de Charles à travers le Pays, la peste régnait en France. Le convoi royal arriva à Roussillon parce qu’il fuyait la peste qui sévissait à Lyon OR, c’est à partir de ce moment que les cols , aussi bien pour les hommes que pour les femmes se sont mis à grandir pour devenir des « fraises » qui atteindront plus de 30 centimètres de diamètre. C’est à ce moment là, également, que les robes vont s’orner de vertugadins qui leur donneront une ampleur qui n’a rien à voir avec le confort.
C’est encore à cette époque que Catherine de Médicis imposé la mode des gants parfumés portés en toutes circonstances.
On n’a rien inventé, distanciation sociale,gestes barrières…
Les historiens observent des faits et les sociologues en tirent des conclusions… parfois discutables
Observons donc ce qui s’est passé à l’époque de Charles IX et essayons d’en tirer des conclusions. Lors du voyage de Charles à travers le Pays, la peste régnait en France. Le convoi royal arriva à Roussillon parce qu’il fuyait la peste qui sévissait à Lyon or, c’est à partir de ce moment que les cols , aussi bien pour les hommes que pour les femmes se sont mis à grandir pour devenir des « fraises » qui atteindront plus de 30 centimètres de diamètre. C’est à ce moment là, également, que les robes vont s’orner de vertugadins qui leur donneront une ampleur qui n’a rien à voir avec le confort.
C’est encore à cette époque que Catherine de Médicis imposa la mode des gants parfumés portés en toutes circonstances.
Si nous faisons un petit parallèle avec ce que nous vivons aujourd’hui, il faut bien en conclure qu’ils avaient tout inventé de la « distanciation sociale ». Mais vous n’êtes pas obligés de me croire.
Le doux parfum de la sueur
L’histoire nous raconte que le futur Henri III était tombé amoureux de la princesse Marie de Clèves mais que Catherine de Médicis n’avait pas consenti à cette union. Ce que l’histoire ne nous dit pas c’est de quelle manière cette passion était née. Lors d’une fête au Louvre, Marie avait beaucoup dansé et s’était retrouvée en sueur. Elle passa donc, selon la coutume dans l’antichambre voisine pour changer de chemise et retourna danser.
Un moment plus tard, Henri pénétra dans l’antichambre pour la même raison. Il se lava le visage et les mains avec de l’eau ( on ne lavait jamais le reste !!) et tendit la main pour trouver un torchon. Le linge qui tomba sous sa main était la chemise de Marie et il fut totalement envoûté par le parfum de sa propriétaire. Ceci aurait tendance à prouver que, si certains pieds sentent le fromage, il est des aisselles qui sentent la rose !
Les prunes de Brignoles
Les pruneaux ne sont que des prunes séchées et, parmi les prunes et pruneaux appréciés à la renaissance il est une variété qui surpasse toutes les autres « la prune de Brignoles ». On accordait parfois à ce fruit des mérites encore plus grands que ceux que la science veut bien reconnaître et le duc de Guise faisait partie du club de ses amateurs les plus fervents.
Toutefois, à l’époque qui nous concerne, les prunes de Brignoles étaient déjà cultivées à Digne. En effet, en 1570 le seigneur qui possédait tous les pruniers refusa de payer ses impôts ; du coup, les habitants, excédés, arrachèrent ses 18 000 arbres !!! et la production fut « délocalisée » vers Digne sans en altérer la qualité.
Le duc de Guise, donc, adorait ces prunes mais il complotait également pour prendre la couronne de France. Lassé de ces intrigues, Henri III lui demanda de venir au château de Blois pour discuter pacifiquement. Guise s’y rendit et le 23 décembre 1588 alors qu’il allait voir le roi, il fut, subitement, pris d’un saignement de nez. Il demanda alors qu’on lui apporte des prunes de Brignoles. Il en mangea une et se sentit mieux. Il poursuivit son chemin vers son destin or, traîtreusement, le roi avait organisé une embuscade où il fut victime de 17 coups d’épées et de dagues. Les médecins examinèrent son cadavre et conclurent que sur les dix sept blessures, un seul coup avait été mortel
Ma conclusion, que certains jugeront contestable, est qu’une prune de Brignoles avait suffi à calmer une hémorragie nasale et à protéger le duc de Guise de seize coups d’épées. S’il en avait seulement mangé deux !!!
Catherine de Médicis avait une âme de maçon
François 1er et Catherine de Médicis avaient bien des choses en commun. Tous les deux aimaient la renaissance italienne, tous les deux aimaient la chasse, Tous les deux furent des mécènes et des bâtisseurs infatigables. François 1er aimait beaucoup sa belle fille qui le lui rendait bien
Parmi les constructions que Catherine de Médicis a léguées à l’histoire et au patrimoine de la France il y a les Tuileries, l’Hôtel de la Reine , des agrandissements spectaculaires dans ses différents châteaux et en particulier à Chenonceau, avec ses galeries qui rappellent le Ponte Vecchio de Florence, la chapelle des Valois à Saint Denis…
Lorsque Catherine envisageait un nouveau chantier, elle contactait personnellement les architectes, elle demandait à voir les plans et à consulter leurs ouvrages. Les architectes lui dédicaçaient leurs livres car ils savaient qu’elle les lirait et les comprendrait. Ce goût pour l’architecture amena Ronsard à déclarer avec amertume que « la reine préférait les maçons aux poètes ».
Le destin de Catherine de Médicis femme d’un roi et mère de trois rois semble un conte de fée pourtant elle n’était pas née sous une bonne étoile : un historien déclara que la France ne la regretta pas plus qu’une chèvre morte. On la maria pour sa dot mais cette dot ne fut pas versée aussi François 1er déclara qu’il l’avait eue nue. Elle épousa un roi qui mourut de manière tragique, elle eut quatre fils dont trois furent rois de France mais moururent jeunes et sans descendance. Comme François 1er elle dépensa trop et il fallut vendre ses biens pour couvrir une partie de ses dettes…
Après sa mort on pourrait croire qu’elle fut victime de ce que les romains appelaient la « damnatio memoriae ». Lorsqu’un personnage avait été jugé indigne, le sénat rayait ses titres des livres d’histoire, effaçait son nom sur les monuments, bref, considérait qu’il n’avait jamais existé. Les plans de ses projets, confiés par ses chers architectes, ont tous disparu, le palais des Tuileries a brulé et il fallut le raser, l’hôtel de la reine fut détruit, les sculptures de la chapelle des Valois furent brisées ou dispersées. Les Grottes qui étaient les plus beaux ornements de ses jardins se sont détériorées et ont disparu. Les protestants et le XIX° siècle se sont efforcés de dresser d’elle un portait épouvantable et pourtant, elle qui n’a jamais été titulaire du trône de France est sans doute un des plus grands rois que nous ayons jamais connus.
Cette femme est un « grand homme »
François II, un prince charmant?
François fut le premier fils de Henri II et de Catherine de Médicis après dix ans de tentatives infructueuses. Le bon peuple battit des mains et acclama ce prince charmant. A la suite de la mort tragique de son père il fut couronné roi de France à quinze ans et… il mourut à seize. Il aura été roi dix sept mois et marié à Marie Stuart pendant cinq mois. Un médecin qui avait étudié son cas au XIX° siècle considérait que «soigné dans une clinique moderne, ce souverain aurait eu de grandes chances d’y servir de sujet de démonstration».En effet, il souffrait d’une incapacité congénitale à cracher et à se moucher ce qui avait de pénibles conséquences sur son haleine, sa voix et même son ouïe. Il était obligé de garder la bouche grande ouverte, pour respirer. Par ailleurs il avait le visage couvert de taches d’eczéma au point de faire peur à ceux qui le voyaient pour la première fois. Enfin, les médecins avaient constaté une «inaction de ses parties procréatives» ce qui a laissé des champs de découverte à son épouse lors de son second mariage. En raison de toutes ces infirmités on l’avait surnommé « le petit roi » pourtant, comme tous les Valois il était grand. Il mesurait 1 m 87
L’image du prince charmant en prend un bon coup !
Les combats à la barrière et les tournois de HENRI II
Le tournoi n’était pas seulement une activité physique c’était aussi la reproduction , dans la vie quotidienne de la littérature chevaleresque qui avait bercé l’ enfance du roi lors de son séjour dans les prisons d’ Espagne. Au cours du combat il était « Amadis de Gaule » défendant sa dame.
A l’entrainement, presque chaque jour, il défiait plusieurs seigneurs de sa garde au cours de « combats à la barrière ». Sur une centaine de mètre de long il y avait , à la hauteur de la taille des cavaliers, une double barrière de bois pour que la moitié inférieure du corps, et le cheval, ne puissent être blessés. Dans ces cas là, les combattants ne portaient que le haut de leur armure.
Les vrais tournois se déroulaient lors de festivités officielles et étaient entourés de toute une mise en scène spectaculaire. On construisait un roman chevaleresque dans lequel chacun jouait un rôle. On lançait un défi public aux adversaires éventuels. Le jour du tournoi, les décors étaient très hauts en couleurs. Chaque cavalier portait ses couleurs : Henri II était, naturellement, en blanc et noir aux couleurs de Diane!! Le combat se faisait à la lance, à l’épée à deux mains, à la hache ou à la pique.
Bien entendu ces combats devaient rester courtois et sans blessures graves. Il s’agissait d’abord d’un spectacle grandiose qui « racontait une histoire », dans le genre de ce que l’on observe de nos jours au Puy du Fou. Il y avait toujours une série de valets pour séparer les combattants qui, dans l’enthousiasme, auraient perdu le sens de la mesure. Une fois les combats terminés, on passait au festin qui n’était pas moins rituel, puis au bal et aux spectacles.
Charles IX et le poile d’Avignon
En Avignon il n’y a pas seulement un pont !!!
L’histoire d’Avignon est un peu particulière puisque la ville fut la Cité des Papes de 1309 à 1378 et même, de manière contestée jusqu’en 1428. Par la suite la ville a conservé un statut particulier puisqu’elle était gérée à la fois par les autorités du roi de France et par un légat du pape, devenu un « vice légat » à partir de 1541. La ville reçut la visite de Charles IX du 24 septembre au 16 octobre 1564 ce qui en fait un séjour tout à fait notable et digne d’un lieu aussi prestigieux.
Selon la tradition, la visite du roi respectait un rituel précis : comme les visiteurs arrivaient du nord, ils entraient par la porte Saint Lazare. À coté du fossé qui protège la porte, on avait installé une tribune permettant les harangues et gestes rituels avec, en particulier la présentation du dais qui devait abriter le roi.
La confection de ce dais était l’une des préoccupations majeures de la population lorsqu’un grand personnage, comme le roi ou le légat du Pape, arrivait dans la ville. Pour Charles IX, on sait que le dais était de couleur cramoisie et brodé de lys d’or. C’était un baldaquin soutenu par six montants de bois peint que portaient le viguier, c’est à dire le juge local, les trois consuls de la ville et divers notables de la ville. En souvenir du mot latin « Pallium » qui voulait dire « manteau » puis qui avait désigné un ornement liturgique réservé au pape, ce dais avait été nommé « Palli » puis, par déformation populaire,on l’avait appelé « Poile ».
Charles IX a donc traversé la ville sous le « Poile d’Avignon » mais il n’y dansait pas.
Les portugais de Henri II
En 1550, deux mois avant la naissance de Charles IX, Henri II, par lettres patentes, ouvrit les portes du royaume de France aux « Portugais ». En réalité il s’agissait de ceux que l’on appelait, depuis 1492 les « nouveaux chrétiens ».
En Espagne, il était devenu interdit d’être juif ou musulman : ces personnes avaient le choix entre l’exil ou la conversion au catholicisme. Beaucoup partirent, d’autre se convertirent (au moins en apparence) et devinrent des « nouveaux chrétiens ». Certains furent sincères et devinrent de grands chrétiens : c’est le cas de Sainte Thérèse d’ Avila ou de Saint Jean de la Croix, deux grands mystiques aux origines juives.
Toutefois comme ces nouveaux chrétiens étaient, malgré tout, surveillés de manière insupportable, beaucoup choisirent de s’exiler au Portugal où ils représentèrent jusqu’à 10% de la population. Officiellement ils devaient être chrétiens et membres d’une paroisse mais tout le monde savait que beaucoup continuaient à pratiquer le judaïsme chez eux.
En 1543 le très chrétien Philippe II, roi d’Espagne, épousa Marie Christine de Portugal et la pression sur les juifs reprit au Portugal. Beaucoup demandèrent alors à rejoindre leurs coreligionnaires installés en France, à Bordeaux, à Toulouse ou encore à Paris comme Elie de Montalto qui était médecin personnel de Catherine de Médicis.
Grâce aux lettres patentes de Henri II plusieurs milliers d’entre eux purent se réfugier en France où on les surnomma les « Portugais ». On leur demanda de s’inscrire dans une paroisse mais on les laissa pratiquer leur religion en privé ; Il fallut toutefois attendre la révolution pour leur reconnaître le titre de citoyens ou encore le droit d’être ensevelis au cimetière
Connaissez vous Luc Gauric?
Chacun sait que, comme tous les grands personnages de leur époque, y compris les papes, Catherine de Médicis, et donc, Henri II, ne faisaient rien sans consulter leurs astrologues-mages-devins… Tout le monde connait Nostradamus, parfois Ruggieri mais qui connait Luc Gauric et pourtant !!
Luc Gauric était un astrologue et mathématicien célèbre en son temps que le pape Paul III avait nommé évêque en raison de ses « mérites ». Un jour, en 1551, Catherine de Médicis lui avait demandé l’horoscope de son mari et celui-ci avait été totalement rassurant: « Il sera très puissant et parviendra à l’âge de soixante neuf ans, dix mois et douze jours par un chemin aisé et heureux ».
Cinq ans plus tard, Gauric, depuis Rome, fit parvenir a Claude de l’Aubespine, le plus jeune frère de Sébastien, qui était secrétaire particulier de Henri II, un complément d’information en urgence : il disait qu’aux environs de quarante et un ans il devrait se méfier d’un duel car les astres le menaçaient d’une blessure à la tête pouvant provoquer la cécité, voire la mort.
L’affaire, officiellement enregistrée fut débattue entre plusieurs témoins et le risque fut jugé négligeable puisque, depuis le duel de Jarnac, les combats à mort avaient été proscrits. Le roi était bien décidé à ne pas risquer sa vie de manière inconsidérée mais il conclut que si cela devait arriver, il mourrait de la main d’un vaillant chevalier et en retirerait toute la gloire !!!
Finalement, Henri II mourut dans un tournoi qui aurait du n’être qu’un exercice. Après avoir provoqué Montgomery pour une lance supplémentaire, alors que tout le monde lui disait de ne pas le faire, le roi fut victime, le 10 juillet 1559, d’une blessure à la tête, une lance plantée dans l’œil et il avait quarante ans et trois mois.
Au bout du compte, comparons des prédictions des différents astrologues : Nostradamus utilise toujours un galimatias auquel on peut faire dire ce que l’on veut ; Ruggieri n’avait rien dit sur la mort du roi ; en revanche, les prédictions de Gauric sont d’une précision chirurgicale : mais pourquoi ne parle-t-on jamais de Luc Gauric ?
Jean de Taix et Diane de Poitiers
Henri II épousa Catherine de Médicis en 1533 mais, dès 1536, Diane de Poitiers devint sa maîtresse. Tout le monde le savait et tout le monde pouvait constater qu’elle avait 20 ans de plus que lui.
En 1548, alors que Diane avait 49 ans, ce qui, pour l’époque était un âge avancé, un gentilhomme nommé Jean de Taïx, maître d’artillerie et colonel d’infanterie, qui avait depuis longtemps démontré qu’il était l’un des plus braves soldats du pays, se permit de plaisanter sur l’âge de la maîtresse du roi. Dans l’instant, il fut privé de tous ses emplois à la cour et prier de se retirer sur ses terres dans son domaine du minuscule village de Taix dans le Tarn où il mourut, d’ennui ,sans doute, en 1553.
Dans ce pays où médisance et calomnie régnaient en maîtres, il y avait quand même des domaines qu’il était préférables d’éviter.
Le mari, l’épouse et François 1er
A la renaissance, et au-delà !! on estimait convenable que la maîtresse du roi fut mariée… au cas où il naîtrait des enfants !!!
Anne de Pisseleu fut la maîtresse en titre de François premier pendant plus de vingt ans, il fallait donc la marier. Elle épousa Jean de Brosse qui était totalement ruiné et dont le domaine était également en ruines. Après une brève lune de miel, Jean, confortablement « doté » repartit restaurer ses domaines pendant qu’Anne restait aux cotés du roi. Deux ans plus tard Jean recevait le titre de duc… ce qui permettait à Anne d’être duchesse. Bien entendu, la nomination se fit officiellement par le biais de lettres patentes qui ne manquent ni d’humour ni de sel. En effet François Premier accordait à Jean de Brosse le titre de duc « ayant égard et singulière considération au bon et agréable service que notre cher et aimé cousin nous fait ordinairement chaque jour ».
Ci-dessus Anne de Pisseleu et Jean IV de Brosse
Bien entendu tout le monde comprenait de quel « service quotidien » le roi voulait parler.
L’enfance et la jeunesse des princes
Quand on parle de l’enfance des princes, cela s’arrêtait à sept ans, par le suite on passait à la jeunesse qui s’arrête à quinze (parfois avant ou bien avant, pour cause de mariage) et on devenait adulte (il faut dire que, bien souvent, on mourait très jeune !).
Les princes et les enfants de la haute noblesse étaient confiés à des gouvernantes qui allaient s’en occuper comme de véritables mamans… bien sûr avec l’aide de la « maison » de chacun d’entre eux , ce qui, pour les enfants royaux pouvait atteindre 300 personnes.
Pour éviter toute équivoque il faut préciser que, de la part des parents, ce n’était pas un manque d’amour, au contraire. Les parents devaient répondre aux devoirs de leur charge. Ils étaient toujours en déplacement et souvent en des lieux dangereux, ou dans des régions infestées par des épidémies. Les héritiers étaient bien plus en sécurité ainsi. Pour les enfants royaux, le château de Blois fut ainsi une véritable pouponnière aux bons soins de Françoise d’Humières et de son mari, pour les enfants d’Henri II et de Catherine de Médicis.
Par la suite on passait à des précepteurs qui leur donnaient toutes les connaissances nécessaires aux personnalités qu’ils allaient devenir et nos souverains étaient très cultivés. En ce qui concerne les enfants de Henri II et de Catherine de Médicis on sait que Diane avait la haute main sur leur éducation et elle s’en occupait avec une remarquable compétence.
Ces pensionnats d’élite avaient une autre curiosité. On ne se contentait pas d’y recevoir les enfants du couple royal : les bâtards étaient élevés dans les mêmes conditions ainsi que bien d’autres enfants . C’est ainsi qu’avec les enfants du couple royal il y avait un très lointain cousin qui deviendra le futur Henri IV ; il y avait encore Marie Stuart.
Ce choix ne devait rien au hasard : les calculs politiques présidaient largement dans le choix des mariages et on s’y préparait très longtemps à l’avance, au cas où.