Anne de France dite Anne de Beaujeu
Anne de Beaujeu était la fille de Louis XI et de Charlotte de Savoie. Elle était également la sœur du petit Charles VIII, pour qui elle exerça la régence de 1483 à 1491. Sa rigueur morale et son intelligence hors du commun firent d’elle une des femmes les plus puissantes d’Europe à la fin du XVème siècle
Anne de France, dite Anne de Beaujeu, née en avril 1461 à Genappe (Pays-Bas bourguignons) et morte le 14 novembre 1522 à Chantelle (actuellement dans l’Allier)
Encore en bas âge, elle est fiancée au jeune Nicolas de Lorraine, marquis de Pont-à-Mousson, qui était le petit-fils de René d’Anjou, héritier (après son père) des trônes de Lorraine, Bar, Anjou, Maine, Provence, Naples et Sicile.
Au mois de mai 1470, son père attribue à sa fille la vicomté de Thouars et les seigneuries de Marans et de Berrye. À la suite de la mort de son fiancé, Nicolas de Lorraine, le 27 juillet 1473, Anne épouse Pierre de Beaujeu, de plus de vingt ans son aîné, sire de Beaujeu et frère cadet du duc Jean II de Bourbon.
À la mort de Louis XI en 1483, le dauphin Charles VIII n’a que douze ans. N’ayant pas encore atteint l’âge de la majorité royale, il ne peut exercer le pouvoir. Durant sa minorité, c’est sa sœur Anne qui exerce la régence, de 1483 à 1491, de concert avec son mari Pierre II de Bourbon.
Durant cette période, Pierre et Anne contiennent les ambitions des nobles et réaffirment l’autorité royale contre le parti du duc d’Orléans. Ils consolident également l’unité du royaume en mettant un terme à la guerre folle en 1488 à Saint-Aubin-du-Cormier. Après la reddition des grands princes bretons, qui perdirent plus de 10 000 hommes durant cette bataille, Anne de Beaujeu, qui a mis fin politiquement dans son propre camp aux nombreuses intrigues ou conspirations nourries par quelques grands féodaux, fait signer le traité du Verger, le 19 août 1488 à Sablé-sur-Sarthe.
Conséquence de la guerre folle, elle marie son frère Charles VIII à Anne de Bretagne, ce qui complète l’expansion territoriale accomplie par Louis XI en préparant le rattachement du duché de Bretagne à la Couronne.
Après le mariage du roi en 1491, Anne est progressivement écartée du pouvoir par la nouvelle reine, Anne de Bretagne, qui lui en veut d’avoir mis fin à l’indépendance du duché de Bretagne quelques années plus tôt. Cela n’empêche pas le jeune couple royal de continuer à passer plusieurs mois par an chez elle, à Moulins, pour suivre ses conseils.
De 1500 jusqu’à sa mort en 1522, elle consacra l’essentiel de son temps et de son énergie à une activité très en vogue à l’époque. L’usage voulait que les enfants de l’aristocratie soient retirés à leurs parents naturels et confiés très tôt à une personne de très haute noblesse, qui avait la tâche de leur faire enseigner tout ce qu’une personne de qualité doit savoir. Cette éducation exigeante s’appliquait pratiquement sans distinction aux garçons et aux filles .
Diane de Poitiers fut l’une des pensionnaires d’Anne de Beaujeu : à sept ans, elle lisait le latin, à neuf ans, le grec. On lui enseigna la philosophie, la dialectique, la lyre, le luth, toutes les subtilités de la vie à la cour… Quand on lui confia l’enfant, Anne de Beaujeu promit de respecter une exception pour Diane : elle devait lui conserver la possibilité de monter à cheval, et de parcourir les domaines à sa guise comme elle le faisait depuis qu’elle savait marcher. En peu de temps, elle était capable de maîtriser n’importe laquelle des montures des écuries de Madame la Grande. Il faut bien reconnaître qu’elle a beaucoup “monté” ……Elle s’occupe également de l’éducation de Louise de Savoie ou encore Marguerite d’Autriche qui deviendra par la suite gouvernante des Pays-Bas bourguignons
Anne de France fut inhumée dans la chapelle neuve du prieuré clunisien de Souvigny auprès de son époux et de sa fille
Personnalité au tempérament affirmé, Anne de France laisse l’image d’une femme énergique, à la fois intelligente et astucieuse. À son propos, son père Louis XI déclare qu’elle est « la moins folle des filles de France, car de sage il n’y en a point »