ISABELLE DE LIMEUIL (1535-1609)
Isabelle (ou Isabeau) de Limeuil était une des plus belles femmes de son temps aussi, elle intégra le fameux « escadron volant » de Catherine de Médicis. Chaque fois qu’elle avait connaissance d’une jolie fille dans la noblesse de province, la Reine l’appelait à son service et la faisait entrer dans son escadron : on estime qu’elles ont été environ 600 à avoir fait partie de cet escadron. Elle eut pour mission de séduire le frère d’Antoine de Navarre, Louis de Bourbon, prince de Condé.
Elle devint sa maitresse en 1563, au grand dam de Calvin, pour le détourner de ses luttes huguenotes. Hélas, contrairement aux consignes du genre, elle fut victime de l’ « enflure du ventre » et accoucha d’un fils, en 1564 en des circonstances néfastes. Le 1° mai Condé apprenait que son épouse, qui lui avait donné sept enfants, était mourante et partit à son chevet. Le 23 mai Isabelle de Limeuil accouchait à Dijon, pendant une réunion officielle. L’épouse de Condé décéda le 23 juillet, à peine plus d’un mois avant l’arrivée à Roussillon. L’affaire fut donc un scandale public et devait encore alimenter les conversations dans notre bonne ville de Roussillon. Catherine de Médicis qui avait envoyé Isabelle en mission dut la condamner : elle fut d’abord enfermée dans un couvent près de Dijon puis dans une tour, à Vienne.
Alors que Condé avait promis d’épouser Isabelle, au cas où son épouse viendrait à décéder, il abandonna la maîtresse et le fils pour épouser, en 1565, une femme de très haute noblesse. Il réclama même tous les cadeaux qu’il avait offerts à sa maitresse pour les donner à sa nouvelle épouse. Une fois le scandale passé, Catherine alla rechercher sa suivante et la maria à un banquier italien richissime en 1567. Elle devint ainsi la femme la plus riche du pays et ils eurent cinq enfants. Cependant, Isabelle n’avait pas pardonné et lorsque Condé mourut à la bataille de Jarnac, en 1569, elle alla voir sa dépouille et dit seulement « Enfin ! ».
En 1600 elle s’offrit le luxe de racheter le château de Chaumont qui avait été à Catherine de Médicis puis à Diane de Poitiers.
Comme Philémon et Baucis ils y moururent la même année : elle avait 73 ans et lui 82.