Jacques de Savoie-Nemours (1531-1585)
Jacques de Savoie-Nemours est né à Vauluisant à une vingtaine de kilomètres de Sens. On y trouve une magnifique abbaye du XII° s avec une aile François Ier.
Il est le fils de Philippe de Savoie Nemours et de Charlotte d’Orléans Longueville. Il est donc prince de Savoie, étant issu d’une branche cadette de la maison de Savoie. A ce titre il est « comte apanagiste » de Savoie et duc de Nemours. En fait il a été comte apanagiste de Genève avant de devenir, en 1564, duc de plein droit jusqu’à sa mort. L’apanage était donné à un cadet qui , normalement était exclu de l’héritage; il recevait la terre en fief donc il en percevait les bénéfices mais n’était pas propriétaire. Le mot vient de l’expression latine “ad panem” : littéralement c’était une concession faite “pour donner du pain”.
Le titre de Comte de Nemours lui est dévolu de plein droit de 1533 à sa mort en 1585 soit pendant 52 ans : il n’avait pas encore 3 ans qu’il fallait déjà l’appeler « monsieur le comte. Le titre de Comte étant moins prestigieux que celui de Duc et prince de Savoie, c’est le nom de Savoie qui passa en premier.
Pour situer la famille il était cousin de François premier et sa sœur ainée épousa en 1555 Nicolas de Lorraine Vaudémont : c’est elle qui éleva les enfants d’un premier mariage de Nicolas et en particulier Louise qui épousa le futur Henri III en 1575.
Entré à 15 ans au service de François Premier, il servit toujours le roi de France, aussi bien pendant les guerres d’Italie que pendant les guerres de religion du coté catholique. Il fut nommé gouverneur du Lyonnais de l’Auvergne et du Bourbonnais de 1562 à 1571 : c’était donc lui le responsable au moment du passage du convoi royal de Charles IX.
A vrai dire le personnage a traversé l’histoire car il était connu comme un grand séducteur au charme ravageur. Il tomba amoureux d’Anne d’Este, épouse de François de Lorraine, 2ème duc de Guise dit le balafré, père de Henri de Lorraine, 3ème duc de Guise. Cet amour contrarié fit de lui le héros du fameux roman « la princesse de Clèves ».
Pendant un moment on pensa qu’il allait épouser Elizabeth d’Angleterre. Henri II qui était très favorable à ce mariage l’avait fait nommer ambassadeur en Angleterre pour faciliter leurs relations. Hélas, cela échoua au dernier moment à cause de l’opposition traditionnelle des anglais et de la guerre en Ecosse, donc de Marie Stuart.
Il eut une aventure avec Françoise de Rohan à qui il avait fait une promesse de mariage. Elle eut un fils surnommé le « prince de Genève ». Cela lui valut des années de procès alimentés par Jeanne d’Albret, parente des Rohan et mère du futur Henri IV, mais il ne reconnut pas l’enfant.
En 1566, à 35 ans il épouse finalement Anne d’Este devenue veuve du 2ème duc de Guise. Cette femme hors du commun était amie de Catherine de Médicis, Elle donna sept enfants à son premier mari avant qu’il ne meure assassiné selon les ordres de Coligny dont elle essaya toute sa vie de se venger. Parmi ses enfants il y avait Henri de Guise, le balafré, qui mourut en 1588 assassiné sur ordre du roi Henri III. De son second mariage elle eut enfants trois dont le deuxième, né en 1572 (soit 22 ans après son demi frère Henri) se prénommait lui aussi Henri.
Bien entendu, ce grand séducteur eut une série d’enfants naturels en plus de celui de madame de Rohan. Plusieurs enfants sont issus de son union avec Anne d’Este, Charles-Emmanuel de Savoie-Nemours , Henri 1er de Savoie-Nemours.
Après la bataille de Saint Denis en 1567 perdue par la faute de son rival le duc d’Aumale, Jacques de Savoie Nemours se retira dans son duché de Genève : il mourut en 1585 dans son domaine de la Cassine-Chastelier près de Moncaliéri dans le piémont, qui était territoire de la Savoie et son corps fut rapatrié à Annecy qui pour l’heure était capitale de la Savoie.