Cardinal François de Tournon
François de Tournon est né au château de Tournon, en Ardèche actuelle, en 1489, il est le cinquième enfant de Jacques II de Tournon, comte de Roussillon, chambellan du roi Charles VIII de France, et de Jeanne de Polignac. De ses quatre frères, deux furent évêques : Gaspard de Valence et Charles de Rodez. Il était également destiné à embrasser l’état ecclésiastique.
Homme d’État et homme d’église, François de Tournon sut mener avec intelligence ces deux aspects de sa vie. Probablement homme rigide, sévère, qui allait au bout de ses idées et de ses projets avec les convictions de son époque.
Dès 1501, il fait ses études à l’abbaye de Saint-Antoine-de-Viennois.
Il fait connaissance du Roi François 1er de retour d’Italie. François de Tournon mène une double carrière, d’homme d’Eglise et d’homme d’Etat, comme souvent sous l’Ancien Régime.
Homme d’église
Il est nommé, à vingt-cinq ans, commandeur de leur établissement de Saint-Etienne-en-Forez. Il deviendra par la suite abbé de la Chaise-Dieu, puis archevêque d’Embrum (1517).
Il tire de très importants revenus des différentes charges ecclésiastiquse qu’il occupa. Outre les revenus des archevêchés, il bénéficie de ceux d’abbé de Saint-Étienne-de-Caen (1531-1533), La Chaise-Dieu (1534-1541 ou 1519-1562 selon les sources), de Saint-Germain-des-Prés (1534-1562), Ambronay (1544-1550), Ainay (1554 ou 1551-1562), Tournus, Saint-Julien-de- Tours…, mais aussi de prieur de Saint-Pourçain, Souvigny…
Il est nommé archevêque d’Embrun en 1517, de Bourges en 1526, Primat des Aquitaines, jusqu’en 1536 ou 1537.
En 1530 il est nommé cardinal prêtre par le Pape Clément VII, titulaire de Saint-Marcellin et de Saint-Pierre et participera de ce fait à plusieurs conclaves.
En 1536, il reçoit à Lyon l’abjuration de Clément Marot (poète, protégé de Marguerite de Navarre, sœur du roi de France François Ier, ses sympathies marquées pour la Réforme et pour Luther lui ont cependant valu la prison puis l’exil en Suisse et en Italie..).
En 1538, il devient archevêque d’Auch jusqu’en 1551. En 1547, à la mort de François 1er, il part pour l’Italie. En 1550 il semble avoir occupé les sièges vacants des évêchés de Albano puis de Sabine.
Il ne participe pas aux travaux du Concile de Trente (1545-1562).
En 1551, il est nommé archevêque de Narbonne où il ne fait que prendre possession du siège. La même année il devient archevêque de Lyon, Primat des Gaules, par échange avec Hippolyte d’Este, et prend possession de son siège l’année suivante. C’est son « grand vicaire » Benoît Buatier qui dirige le diocèse durant ses absences, notamment lorsqu’il se rend dans son château de Roussillon sur le Rhône jusqu’en mai 1553.
Il fait éditer le Missel du diocèse de Lyon en 1556.
Durant son épiscopat lyonnais il tente d’enrayer l’influence protestante. En nommant des prédicateurs « sûrs » dans les paroisses de Saint-Nizier et à la Primatiale Saint-Jean-Baptiste de Lyon.
En 1560, le Pape Pie IV l’appelle à Rome où il devient Doyen du Sacré Collège et cardinal d’Ostie.
En 1560, il propose au Consulat lyonnais de confier le Collège municipal, de la Trinité à « certains prêtres religieux nommés jésuites, lesquels sont propres pour instruire la jeunesse en bonnes mœurs et en religion chrétienne, sans prendre aucun gage ni salaire ». Mais les échevins renouvellent leur confiance au responsable Barthélemy Aneau « homme de bien, de bonnes lettres, savoir et expérience, religieux et catholique », alors même que certains le soupçonnaient d’être trop favorable à la Réforme. Il confiera en 1561 le Collège de Tournon aux jésuites, ordre récemment fondé.
En 1561, comme légat du Pape, ou au bénéfice de l’âge selon les sources, il préside l’ouverture du Colloque de Poissy, convoqué par Catherine de Médicis, entre catholiques et protestants, bien qu’il ne fût pas favorable à cette rencontre. Depuis quelques mois les tensions entre catholiques et protestants se sont réveillées, dans la ville de Lyon particulièrement, et en 1561 Barthélemy Aneau est lynché.
Homme d’État
François de Tournon rencontre François Ier probablement à Lyon, en 1515, lorsque celui-ci rejoint son armée pour aller combattre en Italie afin de reprendre le duché de Milan et vaincre à Marignan les 13 et 14 septembre 1515. François Ier lui confia des missions politiques très importantes. Il fut proche de Louise de Savoie (la mère de François Ier), plus tard de Catherine de Médicis, Henri II etc.
François Ier fit tant de cas de sa probité, de sa prudence et de son habileté dans les affaires, qu’il le nomma un de ses principaux conseillers, et il remplit cette charge avec beaucoup d’intégrité.
Il commence sa carrière comme aumônier de la reine Claude de France (fille du roi Louis XII et première épouse de François Ier). Puis il est conseiller de la régente Louise de Savoie.
C’est lui qui négocia la libération du roi et des princes en Espagne suite à la défaite de Pavie (1525). À la demande du roi, il devint cardinal le 19 mars 1530.
Caractère hors du commun, François de Tournon a marqué son époque par ses grandes qualités diplomatiques dans le tumulte des guerres. En 1525, c’est lui qui a conduit les négociations avec Charles Quint et réussit à faire libérer François Ier, alors prisonnier de Charles Quint, après la défaite de Pavie en 1525. Le Roi de France aura ainsi une confiance absolue en son libérateur. Il lui confiera des missions diplomatiques de la plus haute importance. Ainsi c’est François de Tournon, en 1530, qui a négocié la libération des « enfants de France », le Dauphin et d’Henri d’Orléans (futur Henri II) les fils de François Ier, retenus en otage en Espagne par Charles-Quint.
Entre 1531 et 1547, conseiller de la régente, puis négociateur international, participant à plusieurs conclaves ; il remplit les fonctions de ministre des affaires étrangères de François Ier, sans jamais avoir reçu le titre de ministre, ni même de conseiller. Il négocie le mariage de Catherine de Médicis, nièce du pape Clément VII, avec Henri d’Orléans.
En 1536 il est nommé Gouverneur général en Forez, Lyonnais, Beaujolais, Dombes, Mâconnais. La même année, Pierre de Ronsard fut attaché comme page au dauphin Charles d’Orléans, le troisième fils de François Ier, et vit mourir le jeune prince trois jours après, au château de Tournon.
En 1537 il gère l’intendance des guerres d’Italie.
En 1542 il est lieutenant général de Lyon.
Il est vrai que les évènements désastreux de 1545 dans le Lubéron, à Mérindol et à Cabrières en particulier, ont eu lieu tandis que François de Tournon était « ministre » de François Ier. Il était présent au Conseil du Roi lorsque la décision fut prise d’intervenir contre les rebelles vaudois. En tout cas, il ne s’y est pas opposé. Il semble pourtant, souligne Michel François dans sa thèse, que « la brutalité de la répression dépassa les plans élaborés dans l’entourage du Roi ».
En 1547 à la mort de François 1er, il quitte la cour pour l’Italie. Le cardinal de Tournon se consacre alors plus particulièrement au développement du Collège de Tournon, à la lutte contre la Réforme et à l’introduction des Jésuites en France.
Il est bientôt rappelé par Henri II pour devenir son ambassadeur. De janvier à juillet 1556, le Cardinal François de Tournon joue un rôle déterminant dans la politique française en Italie.
En 1559, à la mort de Henri II, il retourne à Rome mais il est rappelé à la cour par la Régente Catherine de Médicis en 1560.
En 1536, François de Tournon décide de doter sa ville natale d’un Collège dans lequel l’enseignement dispensé serait totalement gratuit. « Maîtres et élèves devraient s’y adonner à l’étude de disciplines nouvelles tout en gardant la foi de leurs ancêtres ». Étant souvent absent de la ville, il a pris soin de déléguer à son neveu Just II, seigneur de Tournon, le soin de veiller à la bonne marche de son établissement.
En 1548, le Collège de Tournon devient une université de Philosophie et des Sept Arts Libéraux. En 1552, le succès est tel que le pape Jules II érige le Collège en Université, donnant à Tournon ce privilège que partageaient quelques rares villes de Province. Très vite, elle sera fréquentée par plus de deux mille étudiants, originaires de l’Europe entière. Des presses universitaires éditent de nombreux ouvrages à l’intention de ces étudiants.
La fonction universitaire perdura jusqu’ en 1626 puis Tournon redevient un simple collège d’enseignement secondaire. En 1776, le collège passe aux mains des Oratoriens qui introduisent l’enseignement de l’histoire-géographie, celui des sciences exactes et des sciences d’observation, tout en donnant au français une plus grande place.
En 1820, le collège passe sous administration laïque et suivra alors le destin de tous les établissements officiels d’enseignement… et deviendra Lycée en 1848, puis prendra le nom de Gabriel Faure (écrivain tournonnais) en 1967. Il est le plus vieux collège d’Europe
Fin de vie
Jusqu’à la fin de sa vie, le cardinal se consacrera plus particulièrement à la lutte contre la Réforme et confia son collège aux Jésuites pour le préserver de ce qu’il considérait comme un danger majeur. Le 6 janvier 1560, le Collège passe sous la direction de la Congrégation de Jésus.
François de Tournon décède le 22 mai 1562 à Saint-Germain-en-Laye. Il est enterré provisoirement à Saint-Germain-en-Laye, son corps fut transféré en 1571, dans la chapelle du collège de Tournon qu’il avait fondé en 1536. En 1720, les cendres du cardinal François II de Tournon sont déposées derrière l’autel.
Huit jours après sa mort, le 30 avril 1562, Lyon est saccagé par les calvinistes (le sac du Baron des Adrets).